Les villages de pêcheurs et les camps bédouins qui occupent encore la côte d’Oman ont vu éclore une drôle de ville, sortie tout droit du sable : Duqm. Cette cité industrielle rassemble aujourd’hui un port, des hôtels de luxe et des logements pouvant accueillir 111 000 personnes. Tour d’horizon.
Duqm, ville industrielle naissante
Installée à environ 480 km de la capitale Mascate, Duqm est ce qu’on peut appeler une « ville naissante » où les hôtels cinq étoiles, les villas et autres supermarchés de luxe ont remplacé les habitations de cet ancien village de pêcheurs. La ville en est encore à ses débuts, le réseau routier de base vient d’être pavé et le port a tout juste commencé à fonctionner. Au même moment, la raffinerie de pétrole a commencé à exercer et deux hôtels de luxe ont déjà ouvert leurs portes. D’ici deux ans, on estime à 111 000 le nombre de personnes qui s’installeront dans cet endroit.
Vers le développement d’une vaste zone économique
Ce projet est le dernier d’une longue série de plans urbains remontant aux années 1980 et visant à développer et à peupler les régions stériles d’Oman. Actuellement, environ 70 % de la population du pays réside dans une mince bande côtière de 240 kilomètres de long dans le nord, près de Mascate. Le gouvernement considère que ses centaines de kilomètres de côtes inutilisées sont pleines de potentiel économique et il convient de les exploiter à bon escient.
Les projets liés à Duqm suivent les lignes directrices d’un développement axé sur le celui d’une vaste zone économique qui doit servir de moteur pour la toute nouvelle métropole. Toutes les infrastructures urbaines seront construites à Duqm : des zones industrielles, une grande raffinerie, un nouvel aéroport, des centres éducatifs, des centaines de logements modernes et un quartier touristique.
L’idée voulue suit une stratégie mûrement réfléchie : les différents projets vont agir en symbiose. Le trafic du port va stimuler la demande pour les industries de la zone économique, ces industries vont créer un besoin de logements pour les employés et les investisseurs, et cette nouvelle population va vouloir des sources de divertissement, des magasins, des écoles et des infrastructures médicales. En théorie.
Plus de 200 villes de ce type actuellement en construction
Duqm souhaite également encourager un environnement économique plus libéralisé qui pourrait stimuler davantage l’industrie privée, créer de nouveaux types d’emplois et attirer les investissements étrangers. Comme l’explique Manishankar Prasad, chercheur local qui a travaillé sur les études d’impact environnemental et culturel de la nouvelle ville, au Guardian : « Duqm est une immense ville industrielle construite à partir de rien ».
Au Moyen-Orient, Duqm n’est pas une exception. Nous sommes au milieu d’une ère de nouvelles villes et plus de 200 sont en construction. Les déserts reculés de toute l’Asie de l’Est, du Moyen-Orient et de certaines parties de l’Afrique sont en train de s’urbaniser. Pour donner quelques exemples : Nurkent au Kazakhstan, Aylat en Azerbaïdjan, New Kaboul City en Afghanistan, New Baghdad en Irak, ou encore New Cairo en Egypte… Actuellement, le Maroc a neuf nouvelles villes en chantier, et le Koweït en a 12.
Bien qu’elles diffèrent par leur échelle et leur complexité, la plupart de ces nouvelles villes sont conçues pour atteindre des objectifs similaires : remodeler leur économie et rebaptiser leur pays comme étant à la pointe de la technologie, économiquement durable, élégant, moderne et international.