Aux yeux de nombreux spécialistes, l’incompréhension séculaire entre hommes et femmes dans la relation amoureuse est liée à une différence de langage : si la femme aime oraliser, verbaliser l’amour, l’homme, lui, aime faire l’amour.
Si de nombreux ouvrages évoquent le point de scission entre la conception masculine de la relation de couple et sa version féminine – on pense à « Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus » de John Gray- d’aucuns peinent encore à comprendre ce décalage notoire entre les intentions des deux sexes.
Selon Sophie Bramy, l’explication est pourtant simple : la différence provient du fait que les hommes favorisent le langage corporel tandis que les femmes préfèrent le langage verbal.
Autrement dit, lorsqu’il s’agit d’amour, les hommes sont dans « l’agir » plutôt que le « dire » et ont une conception plus « carnée » des relations amoureuses.
Esther Perel, thérapeute et écrivaine américaine, rejoint Sophie Bramy. Dans quelques-uns de ses ouvrages dédiés à la sexualité, elle explique que chez la gente masculine, l’expression de l’amour passe par le rapport sexuel et la sensation d’avoir été à la hauteur aux yeux de sa partenaire. L’enjeu est tel que si elle venait à se sentir sexuellement rejetée, elle souffrirait d’une sorte de « carence affective ». C’est dire… !
Le professeur en psychologie sociale de l’université de Harvard, Justin Lehmiller, ajoute que la traduction des émotions chez les hommes est mécanique et trouve son point de chute dans le rapport sexuel.
Peut-être jugent-ils que l’expression verbale de l’amour est trop évanescente, insaissisable, mais dans cette peur du fuyant, de l’exprimable, les hommes en oublient que la parole est une puissance de création et que parler, c’est déjà agir.