Jocelyne Bell Burnell reçoit un prix pour une découverte vieille de 54 ans

L’histoire de Jocelyne Bell Burnell, va elle aussi rentrer dans la longue liste de ces femmes méritantes, mais dont le travail n’a pas été pris en considération, du fait de leur condition féminine. Elle a subi le triste sort de beaucoup de femmes de sciences en restant dans les oubliettes de l’avancée scientifique. En 1967 à Cambridge, cette doctorante en physique a détecté le premier pulsar. Ce sera pourtant son professeur, qui sera crédité de cette découverte en 1974. En 2018, cinquante-quatre années plus tard, Bell Burnell se voit enfin accorder, un prix pour sa découverte.

Une histoire symptomatique, mais hélas trop classique, ressurgit avec l’attribution à Jocelyne Bell Burnell du prix « Special Breakthroug Prize in Fundamental Physics », un prix spécial de découverte en physique fondamentale. Elle doit cette attribution à « sa contribution fondamentale dans la découverte des pulsars et son leadership inspirant de toute une vie pour la communauté scientifique« .

Ce n’est que justice, c’est elle qui grâce à un télescope radio, a repéré une sorte de « gribouillis inclassable » qui va s’avérer être le premier objet astronomique qui produit un rayonnement électromagnétique émis à de brefs intervalles très réguliers, autrement dit un pulsar. A l’époque, en bon élève et suivant la procédure, elle en informe d’abord Antony Hewish son professeur. Celui-ci reçoit le prix Nobel en 1974, de son côté, elle est largement oubliée, car suivant les us et coutumes du monde des sciences, les étudiants et encore moins les étudiantes ne sont jamais récompensées.

Ce n’est pas non plus une nouveauté pour la jeune fille, qui a dû se battre depuis l’âge de 12 ans pour pratiquer sa passion dans une Irlande du Nord, qui voit plutôt les jeunes filles apprendre la cuisine et à s’occuper d’une maison et d’un mari. En deuxième année à l’université de Glasgow, elles ne sont que deux à se spécialiser en physique, et à subir les réflexions, et même les sifflets de certains hommes, dont visiblement l’intelligence est resté dans les étoiles. Jocelyne Bell Burnell, commence son doctorat de physique à l’université de Cambridge en 1965. Son acceptation fut bien sûr, pas du goût de tout le monde, surtout qu’elle était déjà mariée, et pour une femme de l’époque, être mariée et travailler n’étaient pas jugés convenables. Cependant, elle fut tolérée parce que tout le monde pensait simplement, que Jocelyne Bell Burnell laisserait tomber.

Deux ans après son entrée à Cambridge, elle aperçoit donc ce pulsar dans le ciel. Elle explique, « en parcourant des kilomètres de schémas, je découvre deux autres signaux mystérieux. J’avais en fait, découvert le premier des quatre exemples d’une sorte d’étoile inimaginable, des corps astraux étranges qui transmettent des rayonnements radio en tournant et balayent l’espace comme la lumière d’un far. Nous les avons appelé pulsars ».

En 1968, elle est créditée sur un article publié avec son professeur faisant part de leur découverte encore commune du pulsar. Elle explique alors, que les journalistes qui viennent pour des interviews questionnent, son professeur sur leur découverte. De son côté, les photographes lui demandent plutôt « de défaire quelques boutons« , ou l’interrogent pour savoir « combien de petits-amis elle a eu dans sa vie« .

C’est donc sans grande surprise et résignée qu’elle verra son professeur recevoir le prix Nobel en 1974. Jamais, elle ne s’en est vraiment plainte « je trouve que je m’en suis très bien sortie sans gagner de prix Nobel« .

Aujourd’hui, avec ce prix, elle succède à Stephen Hawking, entre autres. Avec les trois millions de dollars qu’il octroie, la scientifique veut faire des bourses d’études pour celles et ceux qui viennent de milieux sous-représentés et qui souhaitent étudier la physique.

Crédit photo : Trevor Leon McIntosh

 

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