La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), demande plus de moyens pour lutter contre ce fléau, encore largement tabou dans nos sociétés.
Remboursement des soins psychologiques des victimes, mise en place d’une campagne de prévention… Alors que les débats sur le vote du budget 2023 vont s’ouvrir, La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) monte au créneau et fait part de ses doléances.
« Ce qui coûte à la société, en termes financiers mais aussi sur le plan de la justice et du lien social, c’est l’impunité des agresseurs » explique dans une interview au Journal du dimanche le juge Edouard Durand, coprésident de la Ciivise.
Pour commencer, « tous les professionnels au contact des enfants doivent être formés. Ils sont le point de départ de la chaîne de protection », détaille le juge Durand. Une mesure qui doit être accompagnée de la création d’une « cellule pluridisciplinaire de soutien » à ces professionnels, qui leur « fournira une réponse cohérente » car « l’exposition à la souffrance des autres peut générer un stress intense, voire un traumatisme ».
Constatant que « ces violences ont des impacts somatiques, psychiques, sur la vie sociale et intime, tout au long de la vie », le coprésident de la Civiise estime qu’il faut dispenser partout « des soins spécialisés en psychotrauma ». « Nous voulons construire un parcours de soins pris en charge par l’Etat », insiste-t-il.
La quatrième mesure consiste à renforcer les moyens de lutte contre la cybercriminalité. Selon Edouard Durand, on ne compte en France « qu’un enquêteur spécialisé pour 2,2 millions de personnes, contre un pour 100 000 habitants aux Pays-Bas et un pour 200 000 en Grande-Bretagne ». Des chiffres qui font froid dans le dos.
Enfin et surtout, la Civiise réclame une vaste campagne d’information et de prévention, pour percer l’abcès de ce tabou qui gangrène notre société. Pour rappel, près de 10% des français déclarent avoir été victimes d’incestes dans leur vie.