Des chercheurs états-uniens ont réussi à produire des ovules matures chez des femmes stériles, atteintes de ménopause précoce. Après l’application de cette nouvelle technique de procréation assistée appelée activation in vitro (AIV), suivie d’une fécondation in vitro (Fiv), l’une d’entre elles a pu réaliser son rêve et donner naissance à un bébé en bonne santé.
Attendre un enfant est la chose la plus naturelle au monde, mais n’est pas facile pour autant. Si certaines femmes tombent enceintes très rapidement, d’autres doivent patienter plusieurs mois, voire plusieurs années. De nombreuses personnes rencontrent des problèmes de stérilité. Selon l’agence de biomédecine, plus de 13 % des couples consultent chaque année suite à des difficultés pour concevoir.
Les causes de stérilité sont diverses et concernent les deux sexes. Chez les femmes, les problèmes peuvent se situer à différents niveaux : trompes bouchées, glaire cervicale inhospitalière, utérus immature ou encore ovaires déficients. Environ 1 % d’entre elles souffrent d’une maladie appelée insuffisance ovarienne prématurée qui se caractérise par une ménopause précoce, avant l’âge de 40 ans. Ces femmes ne produisent pas ou très peu d’ovules matures et peuvent très difficilement enfanter. Cette pathologie peut se déclencher après une chimiothérapie. Actuellement, la seule issue est d’utiliser les ovules d’une donneuse et de recourir à la fécondation in vitro (Fiv).
Des chercheurs de l’université Stanford en Californie viennent offrir une lueur d’espoir. Grâce à des techniques de biologie modernes, ils ont réussi à produire des ovules matures chez certaines femmes souffrant de ménopause précoce. Ceci a récemment permis à une patiente d’accoucher d’un nouveau-né en parfaite santé. Cette prouesse médicale est expliquée dans la revue Pnas.
L’activation in vitro pour les femmes atteintes de ménopause précoce
Le miracle s’est produit au Japon, où 27 patientes atteintes d’insuffisance ovarienne précoce ont participé à cette expérience. Âgées en moyenne de 37 ans, elles n’avaient pas eu de menstruations depuis près de 7 ans. Chez 13 d’entre elles, les ovaires contenaient cependant des follicules ovariens résiduels, c’est-à-dire des agrégats de cellules dans lesquels se trouve l’ovule immature.
Les auteurs ont mis au point un protocole clinique baptisé « activation in vitro » (AIV), permettant la production d’ovules fonctionnels à partir de follicules immatures. Il consiste à prélever un ovaire ou une partie d’un ovaire. Ces tissus ont ensuite été mis en culture avec des facteurs de croissance, afin d’induire la maturation des follicules. Enfin, les fragments ovariens ont été réimplantés près des trompes de Fallope.
Tous ces efforts ont porté leurs fruits. Grâce à ce traitement, huit des patientes ont présenté des signes de croissance folliculaire. Elles ont alors bénéficié d’un traitement hormonal pour accompagner cette maturation. Pour cinq femmes, la procédure a permis d’obtenir des ovules matures qui ont été prélevés, puis utilisés pour une Fiv avec le sperme de leur conjoint.
Une maman et une femme enceinte grâce à l’AIV
Cet essai clinique a abouti à la naissance d’un petit garçon en parfaite santé de 3,3 kg. Une autre patiente poursuit actuellement une grossesse, et trois autres sont à différents stades du traitement. À l’avenir, les médecins espèrent pouvoir réaliser cette opération en routine et aider les femmes atteintes de ménopause précoce.
Cependant, certains spécialistes sont sceptiques. « Pour que cette méthode fonctionne, l’ovocyte doit être de bonne qualité, la nouvelle maman avait 29 ans à l’heure du traitement et ses ovocytes étaient encore jeunes, mais il n’en sera pas de même avec une femme plus âgée », explique Richard Paulson, professeur d’obstétrique et de gynécologie à la Keck School of Medicine et directeur de l’unité Fertility à l’université de Californie du Sud. Cependant, il reconnaît que l’AIV a permis la naissance d’un enfant qui n’aurait autrement pas vu le jour. « C’est tout de même prometteur », conclut-il.