L’ancien guitariste de Pink Floyd, David Gilmour, a utilisé les quatre notes du jingle de la SNCF pour l’un de ses morceaux de 2015, Rattle That Lock. S’il a négocié un accord avec la SNCF et le compositeur, ce dernier l’a attaqué en justice. Débouté, le compositeur a fait appel. Retour sur une étrange histoire.
Tout commence en 2013, à Aix-en-Provence. Le britannique David Gilmour, mythique guitariste de Pink Floyd, grand amateur du Sud de la France, est en voyage. Sur le quai de la gare, il entend les annonces par les hauts-parleurs. Dont le fameux jingle de la SCNF, ces quatre notes qui sont devenues, depuis 15 ans, l’accompagnement sonore de la marque, en gare comme pour ses publicités. David Gilmour tombe sous le charme du jingle. Il l’enregistre sur son smartphone…
« Bonjour, je suis guitariste, je suis du groupe Pink Floyd… »
Rentré au Royaume-Uni, il est bien décidé à utiliser ces quatre notes pour un futur morceau. Il contacte alors l’auteur du jingle, Michaël Boumendil. Ce dernier a la surprise de recevoir un coup de fil vraiment singulier : « Bonjour, je suis guitariste, je suis du groupe Pink Floyd… ». Dans un premier temps flatté qu’un monument de la musique s’intéresse à son travail, Michaël Boumendil donne son accord pour l’utilisation du jingle par le guitariste.
L’accord porte sur les quatre notes en question. La SNCF accepte également l’hommage. David Gilmour planche sur son morceau. Il invite même Michaël Boumendil pour lui faire écouter des maquettes. Au final, le morceau Rattle That Lock, morceau titre de l’album de Gilmour sorti en 2015, est co-signé par lui et le compositeur français. Une belle histoire.
David Gilmour a samplé le jingle SNCF, plutôt que de le rejouer
Mais qui finit mal. En écoutant le morceau, Michaël Boumendil s’aperçoit que David Gilmour n’a pas interprété les notes du jingle. Il a samplé le jingle enregistré sur son smartphone et diffusé dans les gares. Pour le compositeur français, l’accord ne tient plus. Sans doute peu au fait de la législations sur le copyright (le sample est normalement considéré comme une reprise), ou comptant joué sur une ambiguïté, Michaël Boumendil attaque David Gilmour en justice pour contrefaçon, et lui réclame la signature d’un nouveau contrat assorti de 450 000 euros.
Mais le tribunal déboute le compositeur français, et le condamne même à payer les frais de justice de David Gilmour. Fin de l’histoire ? Pas encore, car Michaël Boumendil a fait appel. Le feuilleton judiciaire continue.
Pour autant, il semblerait que David Gilmour, pas rancunier, continue de visiter régulièrement le Sud de la France. Et même ses gares…