C’est l’un des plus puissants responsables politiques américains : poids lourd du parti démocrate, médiatique opposant à l’ancien Président Donald Trump, ami de l’actuel Président Joe Biden… Andrew Cuomo est accusé de harcèlement sexuel par deux anciennes collaboratrices. Ce dimanche 28 février, le gouverneur de l’État de New York a présenté ses excuses et a accepté qu’une enquête indépendante soit menée au sujet de ces allégations.
« Au travail, je pense que je joue, que je fais des blagues que je crois drôles. Parfois je taquine les gens de façon que je pense bon enfant, en public comme en privé » dans son communiqué de presse diffusé ce dimanche 28 février, le gouverneur de New York se défend de tout geste déplacé envers ses anciennes collaboratrices : « Je comprends maintenant que mes interactions ont pu être insensibles ou trop personnelles et que certains commentaires, vu ma position, ont pu avoir chez certains des effets non intentionnés. Je me rends compte que certaines choses que j’ai dites ont été mal interprétées, comme du flirt non sollicité. Si certains ont eu cette impression, j’en suis vraiment désolé. (…) Pour être clair, je n’ai jamais touché personne de façon inappropriée, ni fait d’avances à qui que ce soit, et je n’ai jamais voulu mettre quelqu’un mal à l’aise ».
Des excuses du puissant gouverneur démocrate, au pouvoir depuis une décennie, qui devront convaincre la justice (et les réseaux sociaux !). Car ses anciennes conseillères relatent des faits beaucoup plus graves : Lindsey Boylan, 36 ans, a affirmé que le gouverneur l’avait embrassée sur la bouche de façon non sollicitée, suggéré qu’elle jouait avec lui au « strip-poker » et « multiplié les efforts pour [lui] toucher le dos, les bras, les jambes », alors qu’elle travaillait pour son administration de 2015 à 2018. « Le gouverneur a créé une culture au sein de son administration où le harcèlement et l’intimidation sont si répandus que c’est non seulement toléré, mais attendu ».
Des propos corroborés par une autre ancienne collaboratrice qui a déclaré dans les colonnes du New York Times que le gouverneur lui avait fait des avances qui l’avaient mise « mal à l’aise » au printemps 2020.
Des excuses interviennent alors que certains parlementaires new-yorkais, y compris au sein de sa majorité démocrate, ont appelé à la démission d’Andrew Cuomo, dont le troisième mandat doit s’achever fin 2022.
Le gouverneur avait ajouté, samedi soir, avoir demandé à une ex-juge fédérale de mener « un examen complet » sur ces allégations. Mais de nombreuses personnalités publiques ou politiques d’outre-Atlantique dénoncent la trop grande proximité entre cette ex-juge et un proche de M. Cuomo, avec qui l’ancien magistrat a longtemps travaillé. Quelle solution ? Certaines voix réclament que l’enquête soit confiée à la procureur démocrate de l’Etat Letitia James. Problème : celle-ci vise aussi le poste de procureur pour les prochaines élections.
Mais la conseillère juridique du gouverneur a finalement affirmé que M. Cuomo avait demandé à la procureur de désigner elle-même « un avocat privé » pour mener les investigations, avec lequel le gouverneur coopérerait « volontairement » et « pleinement ». « Nous allons recruter un cabinet d’avocats » et « superviser une enquête rigoureuse et indépendante », a réagi Letitia James.