Château de Vaux-le-Vicomte et Canauxrama aujourd’hui, Europacity demain… les départements qui jouxtent la capitale deviennent de hauts lieux touristiques
Sortir à Paris se résume trop souvent à se casser la tête pour trouver un lieu d’intérêt qui ne soit pas surpeuplé. Et s’il suffisait, pour résoudre ce problème, d’appliquer une solution qui a fait ses preuves : « Think bigger! » Penser plus grand, ou hors des sentiers battus – surtout lorsque ces sentiers se trouvent à une encablure de RER. Franchissons donc la barrière mentale du périphérique et découvrons ce que Paris extra-muros a à nous proposer !
La carte aux trésors cachés de la région parisienne
Si vous êtes gourmet et/ou gourmand, le marché de Rungis est fait pour vous! Ce ventre de Paris qui a remplacé celui des Halles en 1969 est situé dans le Val-de-Marne. D’une surface de 234 hectares, vous y trouverez à peu près tout ce qui se mange dans les pavillons de la marée, de la viande, des produits laitiers, des fruits et légumes… Armé de la motivation nécessaire pour vous lever (très) tôt, une visite nocturne d’une durée de 5 h vous permettra d’assister au ballet fantastique des arrivées et départs des produits frais en transit. Au terme de ce safari gargantuesque, vous serez récompensé par un brunch copieux (charcuterie, fromages, salade de fruits, café, vin…) dans un des restaurants du marché. Vous pourrez en abuser sans vous soucier du retour : le transfert en bus depuis Paris est assuré par les organisateurs.
Les eaux de la Seine étant peu propices au mal de mer, rien de tel qu’une petite virée nautique pour s’assurer une bonne digestion. Oubliez les bateaux mouches et foncez vers le canal de l’Ourcq d’où partent des bateaux de croisières ou des navettes, notamment au cours du festival annuel L’Été du Canal. Canauxrama propose par exemple une croisière de 7h entre le bassin de La Villette et le parc forestier de la Poudrerie à Sevran, le retour étant assuré par un cheval de trait, comme au 19ème siècle !
Un voyage dans le temps qui peut également s’effectuer sur la terre ferme dans un des nombreux châteaux de la région parisienne. Si vous connaissez les moindres recoins de ceux de Versailles, de Vincennes ou de Saint-Germain-en-Laye, éloignez-vous un peu pour découvrir un véritable bijou : le château de Vaux-le-Vicomte. Situé non loin de Meaux, accessible en Transilien et en bus, et à moins d’une heure de voiture, il fût construit au milieu du 17ème siècle par le surintendant des finances Nicolas Fouquet. Lors de la pendaison de crémaillère de ce somptueux palais, Louis XIV réalisa que son ministre avait un château plus beau que le sien et qu’il avait certainement dû détourner quelques fonds publics pour pouvoir se l’offrir… Le jeune Roi Soleil fit d’une pierre deux coups : il emprisonna Fouquet en confisquant ses biens (certains disent qu’il aurait été le fameux homme au masque de fer) et recruta le génial Le Nôtre pour créer les jardins de son nouveau château, à Versailles. Notez que Vaux-le-Vicomte peut se visiter de nuit, ce qui ajoute une part de mystère et de charme à ce lieu hors du commun.
Face au trop plein, allez voir plus loin : l’exemple Europacity
Le 24 juin dernier, la mairie de Paris a organisé un colloque sur le thème « Y’a-t-il trop de touristes à Paris ? ». Il s’agit d’une question que se pose fréquemment tout Parisien qui se respecte et qui s’apprête donc à être l’un des sujets majeurs des élections municipales de mars prochain : transports surchargés, quartiers transformés en musées, nuisances sonores, disparition des commerces de proximité au profit des bars et des boutiques de souvenirs… Sans même parler de la hausse du prix de l’immobilier due à la transformation de logements en hôtels ou en AirBnB. Une perte de qualité de vie et d’authenticité dommageable tant pour les riverains que pour les touristes.
Si les professionnels du secteur affirment que la ville lumière a a encore un formidable potentiel de développement touristique, pour de nombreuses associations la ville est déjà saturée. Il se pourrait en effet que trop de tourisme tue le tourisme, avec des millions de visiteurs qui abîment ce qu’ils viennent voir – volontairement ou non. C’est par exemple le cas du Louvre, éreinté par la respiration et la chaleur dégagées par ses 10 millions de touristes annuels. Plusieurs villes européennes comme Dubrovnik, Amsterdam ou Barcelone ont déjà commencé à œuvrer contre cette tendance.
Pour Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, la solution est simple : si Paris est saturée, le bassin parisien a quant à lui un potentiel largement sous-employé. Cette mise en valeur de la région permettrait à la fois d’accueillir plus de touristes et de mieux les répartir, afin que la formidable attractivité de la capitale de la première destination touristique mondiale profite au plus grand nombre. C’est dans cette optique de diversification de l’offre touristique francilienne que s’inscrit par exemple Europacity, un gigantesque quartier de loisirs qui doit mêler un parc hôtelier, des boutiques, un jardin, des attractions et un musée à partir de 2027 à Gonesse, dans le Val d’Oise. Située à 30 minutes de Paris, Europacity s’attend à recevoir près de 30 millions de visiteurs par an.
Une tendance déjà tendance
Sortir de Paris pour mieux apprécier Paris est une formule qui est d’ores et déjà – et de plus en plus – testée et approuvée par de nombreux touristes. Alors que la Défense n’est considérée par de nombreux Parisiens que comme un austère lieu de travail à fuir dès la fermeture des bureaux, il s’agit également du premier site touristique des Hauts-de-Seine. Preuve de son succès, quatre nouveaux établissements y accueilleront les voyageurs d’ici 2024, dont un Mama Shelter. Un engouement hôtelier pour la Défense semble-t-il lancé par l’ouverture du Meliá en 2015.
Choix surprenant au premier abord si l’on n’est pas un voyageur d’affaires tenu d’assister à une réunion à 8h au 30ème étage de la Grande Arche, le choix de la Défense est en fait judicieux: disposant d’un parc hôtelier varié (allant du 2 au 5 étoiles), moins cher et plus moderne qu’à Paris; le centre d’affaires dispose de nombreuses commodités – telles que le grand centre commercial des Quatre Temps – et est faciles d’accès, avec un métro et un RER qui le relient au cœur de Paris en un quart d’heure. Le tout sans même parler de la vue magique sur tout Paris qu’offre une chambre d’hôtel donnant sur l’axe historique de la capitale…Un gros avantage que la Défense partage avec Brooklyn, à la différence que de ce côté de l’Atlantique on n’observe pas les gratte-ciels, mais depuis les gratte-ciels.