Des petits hôtels pleins de charme aux champions du luxe : tous sont sur la sellette. La crise économique et sanitaire pèse très lourdement sur le secteur touristique — et en particulier l’hôtellerie parisienne.
« Le plus grand plan social de l’Histoire » : dans un article publié ce lundi 11 janvier dans le Parisien, les observateurs et les professionnels de l’hôtellerie parisienne tirent la sonnette d’alarme. Bien que les hôtels n’aient pas été contraints à fermer leurs portes — à la différence des cafés et des restaurants — l’arrêt quasi total du tourisme étranger, y compris du tourisme d’affaires, les a privés de l’essentiel de leur clientèle.
Malgré le chômage partiel, les licenciements se multiplient : 167 emplois supprimés sur 351 à l’hôtel Westin Paris Vendôme (Ier), 192 suppressions de postes au Hyatt Regency Paris Étoile de la porte-Maillot (XVIIe), 254 emplois supprimés au Méridien Étoile… Le W opéra, dans le neuvième arrondissement, annonce tout simplement sa fermeture et sa cessation d’activité, mettant sur le carreau une centaine de salariés. Les mauvaises nouvelles comme celles-ci se sont multipliées ces derniers jours.
Interrogée dans les colonnes du Parisien, la CGT-HPE (Hôtels de prestige et économiques) dénonce des licenciements qu’elle juge prématurés et précipités : « Les salaires des personnels, parmi lesquels 40 % sont au SMIC, sont couverts par l’État. Ces groupes, qui ont fait des profits monstres pendant des années, ont les reins assez solides et les aides nécessaires pour supporter la crise, d’autant que la reprise est assurée à terme, assène Sébastien, représentant de l’organisation. Les Jeux olympiques de 2024 se profilent, et ces établissements afficheront à nouveau complet. »
A contrario, le délégué général Paris – Île-de-France du Groupement national des indépendants (GNI) de l’hôtellerie-restauration Franck Trouet estime que ces licenciements sont inévitables pour des groupes hôteliers pris à la gorge entre des établissements vides de touristes, des aides de l’État insuffisantes et une fiscalité trop lourde : « Il y a beaucoup de restes à charge pour les hôteliers : le 13e mois, par exemple. Mais aussi les congés payés que les employés continuent de générer durant leur période de chômage. Certains de ces établissements ont jusqu’à 700 000 euros à débourser chaque mois pour ce qui n’est pas couvert par l’État. À cela, s’ajoute la fiscalité : imaginez un grand hôtel qui continue de payer au moins 100 000 euros par an de taxe audiovisuelle pour des écrans éteints dans des chambres vides ! Il y a forcément un moment où les coupes, les licenciements deviennent inévitables même si ces groupes ont les reins solides. »
Des perspectives inquiétantes.