Colombie : Doll, symbole de l’ascension des femmes dans les cartels

Au début du mois de décembre, la police colombienne a arrêté Karen Julieth Ojeda Rodriguez, dit Doll, la tueuse à gages la plus redoutée de la Colombie. Celle qu’on surnomme aussi  « beauté fatale » a orchestré plusieurs assassinats, dont celui de son ex-petit ami en juillet dernier. Son cas met en lumière la féminisation grandissante de la criminalité en Amérique du sud.

En Colombie, la police de Magdalena Medio a arrêté, début décembre, Karen Julieth Ojeda Rodriguez, dit The Doll (la poupée en français), la tueuse à gages la plus redoutée de la Colombie. Elle a été interpellée pour une série de meurtres liés au gang Los de la M, survenus dans la région de Santander, à l’est de Medellín. Deux de ses complices présumés, Paula Valentina Joya Rueda (24 ans) aussi surnommée Gorda Sicaria, et Leopoldo, ont également été arrêtés en même temps qu’elle.

Un revolver et un pistolet de 9 mm saisi par la police

En juillet dernier, Karen Julieth Ojeda a assassiné son ex-petit, Deyvy Jesus, dans une zone rurale de Colombie appelée Piedecuesta. Elle lui a tendu un guet-apens, après l’avoir appâté sous prétexte de résoudre un problème financier. Le jeune homme a été abattu par deux personnes à moto, que la police pense être Joya Rueda et Leopoldo. Lors de l’arrestation, la police a saisi un revolver et un pistolet de 9 mm, actuellement soumis à des tests balistiques pour établir un lien avec des homicides récents liés au gang Los de la M.

Doll sexualisée par les internautes

Agée seulement de 23 ans, Karen Julieth Ojeda Rodriguez chapeautait un petit réseau de tueurs à gages dans la région de Santander. La sulfureuse jeune femme, aussi surnommée « beauté fatale », fascine Outre-Atlantique depuis son arrestation filmée. Sa chevelure de rock star et son regard transperçant suscitent particulièrement des commentaires sur Internet. Certains internautes y voient « le regard du diable » ; d’autres la sexualisent en disant qu’ils ont envie d’elle. D’autres encore se projettent dans l’avenir en imaginant un film de Netflix retraçant son histoire avec Aubrey Plaza dans le rôle de la Doll.

La Nacha et Lola la Chata, premières femmes à s’imposer dans les cartels

Mais, au-delà de cet emballement médiatique, son arrestation met en lumière une tendance alarmante en Amérique latine : l’implication croissante des femmes dans les crimes organisés. Il y a de plus en plus de femmes criminelles en Amérique du sud. Ces tueuses à gage ont des modèles bien trempées. D’abord La Nacha et Lola la Chata, qui ont marqué l’histoire de la drogue dans la première moitié du XXème siècle. Ignacia Jasso, surnommée « La Nacha », a été la première à créer un cartel transnational mexicain. Quant à María Dolores Estévez Zuleta, dit Lola la Chata, elle a fait partie des principaux trafiquants de marijuana au Mexique, dans les années 1930 à 1950.

La Reine de la coca et La Veuve Noire modèles directs de la Doll

Parmi les héritières de La Nacha et de Lola la Chata figurent Leticia Rodríguez Lara, Veronica Mireya Moreno Carreón, Ramona Camacho Valle, Delia Patricia Buendia alias « Ma Becker », Sandra Ávila Beltrán alias « La Reine du Pacifique » ou encore Erika « N » alias « La Nena ». En Colombie, il y a eu Griselda Blanco, Reine de la coca, et La Veuve Noire, mentor présumé de Pablo Escobar, assassinée en 2012 à Medellín. Toutes ces grandes figures féminines des cartels latino-américains ont sans doute inspiré Karen Julieth Ojeda Rodriguez.

Doll, victime d’une société inégalitaire et machiste ?

Mais Doll est avant tout le produit d’une société colombienne gangrénée par les inégalités, la pauvreté, le machisme et les violences envers les femmes. C’est un terrain de recrutement idéal pour les cartels. Généralement, les femmes rejoignent les groupes criminels organisés pour appartenir à une famille qui les protège et leur permet, par la violence, d’avoir accès aux ressources que l’Etat leur refuse. Si ces dames sont le plus souvent utilisées pour transporter de la drogue, blanchir de l’argent et parfois commettre des assassinats, certaines parviennent à prendre la tête des gangs comme Karen Julieth Ojeda Rodriguez.

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