Vatican : François, un pape très écolo

Si l’Église catholique a longtemps reposé sur la justice sociale, elle a pris un virage écologique en 2013 avec l’élection du pape François. Décédé lundi 21 avril, l’évêque argentin a fait de la défense de l’environnement le credo de son pontificat qui a duré douze ans. Désormais, son successeur doit continuer son œuvre pour être en phase avec notre époque et ses enjeux.

Décédé lundi 21 avril à 88 ans d’un AVC, le pape François a été inhumé ce samedi 26 avril dans la basilique Sainte Marie Majeure à Rome, après une messe d’adieu place Saint-Pierre, conformément à ses dernières volontés. C’était en présence d’une centaine de cardinaux, d’une cinquantaine de dirigeants et monarques et de près de 25 000 fidèles. On a également noté la présence d’organisations de défense des droits de l’homme et de l’environnement.

Le pape François a fait de l’écologie un combat personnel

Ces ONG n’étaient de là par hasard. En effet, le règne du pape François, qui a duré 12 ans, a été marqué par un virage écologique de l’Église catholique jusqu’ici largement alignée sur les notions de charité, d’amour, de fraternité et de justice sociale. S’il a défendu les pauvres, les migrants et tous les discriminés de la Terre, Jorge Bergoglio, a aussi fait de la protection de l’environnement un combat personnel. Il s’est ainsi distingué de ses prédécesseurs, qui, reconnaissons-le tout de même, ne faisait pas face à l’urgence climatique comme aujourd’hui.

Son nom de règne vient de François D’Assise

Quoiqu’il en soit, le pape François a eu le mérite de porter sur ses frêles épaules une lutte qui continue d’irriter les industriels et de nombreux dirigeants comme Donald Trump. L’évêque argentin a donné le ton de son pontificat, dès son élection en choisissant le nom de François, emprunté à François D’Assise, qu’on appelle le « saint patron des écologistes ». Interrogé à l’époque sur ce choix de nom, Jorge Bergoglio a expliqué que c’est pour lui « l’homme de la pauvreté, l’homme de la paix, l’homme qui aime et préserve la Création ».

Tous les êtres vivants, des créatures de Dieu

Le respect de la Création, c’est une notion qui ne fait malheureusement plus partie du quotidien des chrétiens. Cette création c’est d’abord le vivant, c’est-à-dire les êtres humains et les animaux. Mais c’est aussi les végétaux, les arbres, les nuages et les eaux ( océans, mers, fleuves et rivières). Croire en Dieu, c’est donc aussi respecter la vie et tout ce qu’il a créé, tout en œuvrant à l’équilibre naturel pour que cette Terre soit un lieu agréable pour tous. Chaque être a droit d’y vivre, d’y trouver son espace vital.

Un encyclique Laudate Si historique 

Le pape François l’a très bien compris, lui qui a publié en 2015, année de l’accord de Paris, l’encyclique Laudate Si (« loué sois-tu », en référence à un texte de François d’Assise). Ce document ecclésiastique fut un véritable activateur de l’engagement du christianisme pour la lutte contre le changement climatique. Le souverain pontife y pleure une Terre « abandonnée, maltraitée, opprimée ». Il critique également, avec virulence, le productivisme et le consumérisme, qui promeuve une « culture du déchet ». Contre cette voracité capitaliste destructrice, le pape prône la sobriété comme style de vie.

Pour une écologie intégrale

En outre, François invite à considérer les problèmes environnementaux dans leur ensemble, en abordant non seulement le climat, mais aussi la biodiversité, les ressources naturelles, l’eau et les pollutions. Il propose ainsi une écologie intégrale, dont les leviers ne devraient pas se limiter aux solutions techniques ou technologiques, mais s’étendre aussi aux dimensions humaine, sociale et spirituelle. En 2023, le chef du Vatican a signé un autre texte, plus court, dans lequel il s’attaque aux « puissants » de ce monde et enjoint aux dirigeants de passer à l’action.

Le pape François a inspiré des mouvements chrétiens écologistes

Sur le terrain, le pape François a défendu plusieurs causes, dont l’Amazonie, à travers l’organisation d’une Assemblée spéciale du Synode des évêques pour ce poumon vert de la planète. Il s’est même rendu sur place, du côté péruvien, pour rencontrer des tribus autochtones. Le combat de Jorge Bergoglio a incité l’Église catholique à s’engager résolument. En 2017, l’association Eglise verte a vu le jour pour aider la communauté chrétienne à réussir sa transition écologique. Cette organisation aide notamment les paroisses, les monastères et d’autres structures à gérer leurs déchets, leur consommation énergétique et à manger local et bio, par la culture de fruits et légumes ainsi que par le jardinage.

Le pape François laisse un lourd héritage

Le pape François a aussi inspiré la Génération Laudato. Ce mouvement de la jeunesse catholique est le pendant chrétien du « Friday for future ». Ses milliers de membres accompagnent régulièrement les grèves pour le climat de Greta Thunberg. Fort de toutes ses actions, le pape François laisse un immense héritage social et écologique qu’il va falloir perpétuer dans un contexte de prise de conscience globale des enjeux sociétaux et climatiques. Son successeur devra assurer le relais de la flamme. On connaîtra son nom en mai prochain, à l’issue d’un conclave qui se tiendra entre le 5 et le 10 et qui réunira 133 cardinaux (2 seront absents car tombés malades).

Pas encore de commentaires

Les commentaires sont fermés