Lancée en mars 2024, la première saison de Sonosylva, un projet d’écoute en milieu naturelle, s’est achevée fin septembre. Elle a permis de capter divers sons dans plus de 100 forêts françaises grâce à de petits boîtiers. Cette initiative vise à analyser la pollution sonore et à surveiller la biodiversité.
Initié par l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), le projet Sonosylva vient de boucler sa première saison d’écoute des forêts françaises. De mars à septembre 2024, des magnétophones autonomes implantés au sein de 103 forêts protégées en France hexagonale et en Corse ont enregistré divers sons de la nature. Des chants d’oiseaux aux bruissements des feuilles, en passant par la stridulation des criquets et le bruit du vent ou des voitures passant sur une route à proximité.
Les magnétophones se déclenchent tous les quarts d’heure pour enregistrer pendant une minute
Les sons ont été captés par de petits boîtiers discrets. De couleur feuillage, ceux-ci ont été placés sur des arbres à hauteur d’homme. Ils se trouvaient ainsi à l’abri de fouineurs, et surtout on pouvait les décrocher facilement. Ces magnétophones se déclenchent tous les quarts d’heure et enregistrent pendant une minute. Ils ne s’activent qu’un jour sur deux, du printemps à l’automne. On peut les considérer comme des antennes installées au cœur de la nature pour l’écouter et espionner ses habitants.
Des observateurs non invasifs et silencieux
L’intérêt de ces dispositifs est qu’ils évitent d’envoyer des intrus sur place, qui perturbent la tranquillité de nos forêts. Non invasifs, ils ont le pouvoir d’être là et d’observer en toute discrétion, comme des éléments du décor. Ces magnétophones autonomes permettent de savoir si la faune et la flore de nos aires naturelles sont continuellement agressées par les bruits d’avions, de voitures ou d’hommes de passage. Cette pollution sonore peut avoir un impact néfaste sur la biodiversité.
Plus de 18 000 heures d’enregistrement pour la première campagne de Sonosylva
Parmi les forêts mises sur écoute figurent celles de Massanne, dans les Pyrénées-Orientales, et de la Reine, en Lorraine. En une saison, les scientifiques ont amassé un million de fichiers et plus de 18 000 heures d’enregistrement au total. Les audios sont classés dans quatre catégories de sons. Ce sont : la « biophonie » (sons émanant du vivant), la « géophonie » (sons naturels non vivants comme le vent et la pluie), l’« anthropophonie » (issus de la voix humaine) et la « technophonie » (produits par les activités humaines).
Deux autres saisons d’enregistrement en 2025 et 2026
De nouvelles campagnes d’enregistrement seront lancées entre mars et septembre 2025, puis dans le même intervalle de temps en 2026. Après trois ans de suivis et d’enregistrements, les experts de l’Office français de la biodiversité (Ofb) exploiteront les données grâce à des outils d’analyse acoustique et d’intelligence artificielle. Ils offriront une première estimation du niveau de diversité sonore dans les forêts françaises.
Sonosylva rappelle la plateforme collaborative « Sounds of the Forest »
Leur étude éco-acoustique vise plusieurs objectifs. D’abord, elle doit permettre de surveiller et mieux comprendre la biodiversité ; ensuite d’analyser la pollution sonore grâce au niveau de pression anthropique ; puis de réaliser un inventaire du patrimoine naturel. Les données aideront en outre à sensibiliser et mobiliser les citoyens pour la cause environnementale. Notons que ce projet rappelle la plateforme collaborative britannique « Sounds of the Forest », qui recense les enregistrements audio collectés dans les bois et forêts de trente pays d’Europe.