Dans un rapport, le Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) s’inquiète du phénomène des « enfants d’intérieur ». Il s’agit des mineurs isolés et coupés de la nature, passant le plus clair de leur temps libre devant leurs écrans ou consoles dans leur chambre. Cette tendance a des conséquences sur leur santé mentale, la condition physique et le bien-être.
Le Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) a publié, le mardi 12 novembre, un rapport sur la relation des mineurs avec la nature de nos jours. L’instance s’y inquiète de l’émergence des « enfants d’intérieur », c’est-à-dire des enfants isolés et coupés de la nature. Ces adolescents sont élevés entre quatre murs, et donc n’ont aucune interaction avec nos forêts et paysages.
Nous sommes passés des enfants d’extérieur à des enfants d’intérieur en une génération
« Les enfants sortent de moins en moins et consacrent moins de temps à jouer dans la nature », souligne le rapport du HCFEA. Selon l’instance, les temps de jeu à l’extérieur, sans l’accompagnement d’un adulte, ont diminué au profit d’endroits privés et clos, et d’activités encadrées et sédentaires. Sylviane Giampino, la présidente du HCFEA, constate qu’en à peine une génération, nous sommes passés de « « c’est bon de sortir pour les enfants » à des « enfants d’intérieur » ».
L’espace extérieur de plus en plus perçu comme dangereux pour les enfants
Pourquoi les enfants n’ont plus aucun lien avec la nature ? Le HCFEA note d’emblée que l’espace extérieur est de plus en plus perçu comme dangereux pour les enfants. Les parents, souvent très protecteurs, craignent les mauvaises rencontres et les accidents, à cause des trottoirs étroits et encombrés, mal entretenus ou sans éclairage. En raison de ces dangers potentiels, 77 % des collégiens sont accompagnés pendant leur trajet école-domicile.
L’aménagement urbain ne prend pas en compte les besoins des enfants
La majorité (60 %) de ces trajets se fait en véhicule motorisé (32 % en voiture), contre 38 % à pied et 2 % à vélo. Ainsi, les enfants n’ont pas le temps de voir le peu de végétation existant sur le chemin. Le HCFEA relève également que l’aménagement urbain ne tient pas compte des besoins des enfants. Il y a aujourd’hui de nombreuses normes et réglementations qui restreignent ou interdisent les jeux, l’exploration de l’espace et l’expérimentation des risques, pourtant indispensables au développement de l’enfant.
Les enfants d’intérieur risquent la sédentarité
En outre, le HCFEA explique qu’un enfant sur cinq a des parents qui travaillent le week-end, pourtant jour consacré aux sorties en famille et à l’extérieur. Les mineurs passent ainsi leur moment libre en chambre, à se faire des amitiés sur les réseaux sociaux et à s’adonner à des distractions comme les jeux, jeux vidéo et films. Ces activités créent la sédentarité, un mode de vie qui a pris de l’ampleur depuis les restrictions liées à la crise du Covid-19. Cette sédentarité à de nombreuses conséquences : manque d’activité physique, obésité, perte de lien social et intergénérationnel, problèmes de santé mentale, consommation excessive des écrans, etc.
Il faut repenser la ville « à hauteur d’enfant »
Le HCFEA pointe un problème plus global, à l’heure de l’urgence climatique. En effet, les enfants risquent aussi d’être moins sensibilisés à l’importance de la nature, car y étant moins habitués. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour la planète Terre. La nouvelle génération représentant son avenir. Pour inverser la tendance, l’organisme propose de repenser la ville « à hauteur d’enfant ». Il recommande notamment de développer les espaces verts (parcs, promenades plantées, jardins partagés), de laisser une place à la nature dans la ville, de végétaliser les cours d’école et de favoriser les classes découvertes.