Ce lundi 17 février 2020, le groupe d’activistes environnementaux Extinction Rebellion a pris d’assaut l’usine de béton Cemex et Lafarge d’Issy-les-Moulineaux, pour en bloquer les camions – et partant l’approvisionnement des chantiers du Grand Paris. Ils réclament une nouvelle politique d’aménagement du territoire, et des construction en matériaux végétaux, pour réduire l’impact environnemental du BTP.
« Le problème est environnemental, avec le prélèvement du sable qui détruit les littoraux et les fonds marins ou la bétonisation des terres agricoles, mais aussi démocratique avec ces immenses projets qu’on impose aux citoyens, sans les consulter. En Ile-de-France, on croule sous les exemples » : la diatribe est signée d’un activiste d’Extinction Rebellion surnommé Tothoreau.
L’usine Lafargue d’Issy-les-Moulineaux immobilisée par Extinction Rebellion
L’homme se tenait devant une usine de béton de Cemex et Lafarge, à Issy-les-Moulineaux, l’une des plus importantes de l’Île-de-France, qui approvisionne de nombreux chantiers dans le Grand Paris. Extinction Rebellion a pris d’assaut cette usine, le lundi 17 février 2020, au matin, pour la bloquer.
Plus de 400 activistes se sont rués sur place, couvrant le site de messages écologiques, empêchant les camions de sortir, repeignant les bétonnières avec des slogans : le but de l’opération est de sensibiliser sur l’impact environnemental du secteur du BTP.
«J’ai grandi juste en face. Il y a une école primaire tout près, où les taux d’asthme sont bien plus élevés que la moyenne à cause des pulvérisations de granulats. C’est un problème local qui s’ajoute à la question de fond. Avec la bétonisation des terres agricoles, c’est l’équivalent d’un département français qui disparaît tous les sept ans. Dans un contexte où la FAO [l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, ndlr] dit qu’on va entrer dans une ère de pénurie alimentaire, ça me paraît aberrant », pointe un autre activiste d’une vingtaine d’années.
« Construire avec un ensemble bois-terre-paille des matériaux qui captent le CO2»
D’autant que, pour les membres d’Extinction Rebellion, des alternatives durables existent : «Le béton représente 8% des émissions mondiales de CO2, alors qu’on peut construire avec un ensemble bois-terre-paille des matériaux qui captent le CO2», détaille Tothoreau.
Présent sur place à l’initiative du collectif, comme d’autres spécialistes de la question, l’ingénieur Alain Bornarel (auteur de Pour une frugalité heureuse) précise : « Il faut construire différemment mais aussi arrêter d’étendre les agglomérations à l’infini, en privilégiant les réhabilitations aux constructions nouvelles et en réduisant les surfaces dédiées aux voitures pour végétaliser.»