On le croyait a jamais disparu de nos contrées. Cucurbitacée emblématique de la gastronomie française, le cornichon n’était plus produit dans l’Hexagone depuis près de 20 ans. Mais une poignée de courageux agriculteurs ont choisi de relancer une production 100 % française.
Dans son édition du 12 novembre dernier, le JDD consacrait un article au retour de la production de cornichons en France, et plus particulièrement dans le Loir-et-Cher. Un sujet beaucoup moins anecdotique qu’on pourrait le penser. En effet, depuis les années 2000, la quasi-totalité de la production de cornichons jusque-là fabriqués en France a été massivement délocalisée en Europe de l’Est et surtout en Inde.
Il y a quelques mois, alors que toute la France était confinée, vous êtes d’ailleurs peut-être tombé sur « Cornichon, l’agité du bocal », un documentaire France 5 consacrée au sujet.
On découvrait alors à quel point le petit condiment dont raffolent les Français avait marqué de son empreinte toute une partie de l’histoire agricole du pays, avant de disparaître en quelques années du sol national. Il faut dire que les conditions de production du cornichon sont particulièrement compliquées et coûteuses en main-d’œuvre : la récolte, uniquement effectuée à la main, doit être faite pendant l’été, à quelques jours près selon l’état de croissance de la cucurbitacée.
Dans ces conditions, il devenait alors de plus en plus difficile pour les agriculteurs de mobiliser quasiment du jour au lendemain une main-d’œuvre importante pour ce travail particulièrement pénible. En comparaison, l’Inde offrait des travailleurs bon marché, mais aussi et surtout une météo et des conditions climatiques exceptionnelles qui permettent de multiplier les récoltes dans l’année. Nous pensions alors que le cornichon français avait vécu.
Mais depuis quatre ans, sentant monter la demande de plus en plus forte des consommateurs pour des produits locaux, une poignée d’agriculteurs, appuyés par le groupe suisse Reitzel, relance la production française. Et pour compenser les coûts de la main-d’œuvre, l’entreprise limite ses dépenses marketing et publicitaire. Aujourd’hui 327 tonnes de cornichons français sortent de la terre, dont 47 en bio : une goutte d’eau dans l’océan sur un marché qui, de toute façon, restera encore longtemps trusté par la production indienne. Mais la PME n’a pas dit son dernier mot et ambitionne d’atteindre 10 à 15 % de parts de marché d’ici 10 ans avec ses cornichons. Un objectif réaliste à l’heure où la crise économique et sanitaire nous rappelle à quel point les circuits courts et la production locale sont un bien précieux.