Les « resteadas » (courageuses) ont une nouvelle fois justifié leurs noms ce week-end au Venezuela. Ces mères de famille, en majorité, ont défilé samedi à Caracas contre le gel du processus référendaire, qui vise l’impopulaire président Nicolas Maduro, avant la grande manifestation de l’opposition, qui se déroulera mercredi, dans tout le pays.
« Nous sommes prêtes pour la désobéissance civile, nous allons faire face dans la rue, et nous allons obtenir le référendum », a déclaré à des journalistes Lilian Tintori, qui est l’épouse d’une figure de l’opposition de centre droit, Leopoldo Lopez, actuellement emprisonné. C’est à ce titre qu’elle a pris la tête du cortège où flottaient de nombreux drapeaux vénézuéliens.
En toile de fond de ces revendications, une situation économique catastrophique. La vie quotidienne est devenue une lutte pour avoir le minimum. Ce qui fait déclarer à Maria de Guevara, 65 ans, grand-mère de six petits-enfants, « on n’en peut plus ! Il n’y a pas de nourriture, ni de médicaments, et pas d’avenir pour mes petits-enfants ou les Vénézuéliens avec ce gouvernement, qui a retiré son vernis démocratique ».
Les tensions se multiplient dans le pays, et par exemple vendredi, déjà des centaines d’étudiants étaient descendus dans les rues de Caracas, appelant à la révocation du président socialiste.
La crise économique est devenue politique avec l’annonce jeudi de la suspension de la collecte de signatures, étape préalable à l’organisation d’un vote pour ou contre le maintien de M. Maduro à la présidence, poste qu’il occupe depuis 2013, date de la mort d’Hugo Chavez. La situation inquiète aussi les pays voisins, dans un communiqué diffusé par le ministère des Affaires étrangères argentin, 12 pays de l’Organisation des Etats américains (OEA), du Brésil au Chili en passant par le Mexique et les Etats-Unis, ont fait part de leur « profonde préoccupation » après la décision des autorités électorales de geler le processus
Depuis, comme souvent dans ces situations, chaque camp s’accuse de vouloir faire un coup d’Etat. L’opposition appelle à une mobilisation, mercredi dans tout le pays. De son côté, Diosdado Cabello, numéro deux du régime, répond aux initiatives de l’opposition en déclarant « nous ne serons renversés sous aucun prétexte ».
Les efforts des « resteadas » ne vont peut-être pas rester sans conséquence, ils ont été repris dans une séance extraordinaire très tendue de ce dimanche à l’Assemblée nationale. Celle-ci a convenu de « déclarer la rupture de l’ordre constitutionnel et l’existence d’un coup d’Etat commis par le régime de Nicolas Maduro » et elle invite « le peuple du Venezuela à la défense active de notre (constitution) jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel ».
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