En mai dernier, nous vous parlions déjà d’Anne Soupa, théologienne candidate à l’archevêché de Lyon. Ce mois-ci, c’est au tour de Toutes Apôtres d’être sur le devant de la scène pour tenter de bousculer les codes de l’Église.
Anne Soupa secoue l’archevêché de Lyon
Depuis le mois de mars, le siège de l’archevêché de Lyon est vacant suite à la démission du cardinal Barbarin alors au coeur de l’affaire Preynat. Écrivaine et théologienne, Anne Soupa ose alors l’impensable : présenter sa candidature à la succession de ce dernier. Seulement voilà, cela n’est clairement pas dans les moeurs de l’Église et en a secoué plus d’un. Pour plusieurs raisons, certes pas nécessairement infondées.
Tout d’abord, dans l’Église catholique romaine, il n’est pas autorisé de postuler directement. En règle générale, on est appelé ou choisi par le Saint-Père lui-même. D’autre part, il est tout simplement impossible de devenir évêque lorsqu’on est une femme. Seuls les hommes peuvent occuper les différentes fonctions de gouvernement : diacre, évêque, nonce, curé…
Une initiative symbolique et un pari gagné
C’est pourquoi l’initiative d’Anne Soupa était avant tout symbolique. Elle savait parfaitement bien qu’elle ne serait pas la remplaçante du cardinal Barbarin. Mais cette postulation inédite avait un tout autre objectif : faire réagir pour donner enfin aux femmes la place qu’elles méritent au sein de l’Église.
On peut dire une chose de cette action : le pari est gagné ! Et ce n’est pas la première fois que Madame Soupa fait parler d’elle. Déjà en 2008, elle fondait avec la journaliste Christine Pedotti, le Comité de la jupe. Un rassemblement qui vise à accorder aux femmes une place plus importante au sein de l’Église et dont l’idée lui avait été soufflée par le cardinal André Vingt-Trois « Ce qui est plus difficile, c’est d’avoir des femmes qui soient formées. Le tout n’est pas d’avoir une jupe, c’est d’avoir quelque chose dans la tête ». En 2014, elle faisait également éditer son livre Douze femmes dans la vie de Jésus (Salvator, 2014).
Aider les femmes à postuler à des places d’hommes au sein de l’Église
Ce mercredi 22 juillet, c’est au micro de la radio France Inter que la théologienne fait de nouvelles déclarations avouant avoir regretté que sa candidature à l’archevêché de Lyon n’ait reçu aucune réponse : « Ce qui est finalement assez méprisant » selon elle. Avec « Toutes apôtres », elle encourage de nombreuses femmes à déposer leur candidature à la nonciature apostolique de France ou plus clairement, à l’ambassade du Vatican à Paris. Elle désire réellement aider ces femmes qui désirent occuper des postes qui leur sont normalement interdits : « La mise sous silence des femmes par l’Église pendant des siècles perdure encore de manière diffuse. Nombreuses sont les femmes que nous avons rencontrées qui n’osent pas candidater de peur de perdre leur travail d’enseignement dans des instituts catholiques ou d’être mises à l’écart dans leurs activités paroissiales et diocésaines ».
Toujours au micro de France Inter, elle invite d’autres femmes à rejoindre le mouvement : « Je suis admirative devant les profils, devant les compétences, devant les charismes de ces femmes. L’Église se prive de beaucoup de talents et c’est très dommage ».