Les particuliers employant une aide à domicile, 3.5 millions en France, ignorent sans doute le fait suivant: : ils versent, parfois sans le savoir, tout le temps sans avoir le moindre choix, quelques euros à une association, la fédération des particuliers employeurs (Fepem). Cette association se revendique syndicaliste et assure les représenter dans différentes instances. Les recettes sont ahurissantes: en 2011, cette association a touché, via l’Urssaf, 10 millions de cotisations. Sans compter 310 000 euros de subventions publiques.
Madame s’est servie
Pourtant, la Fepem est dans le rouge : elle affichait 1,5 millions de déficit l’an dernier. Et ne se met pas vraiment au régime sec : en 2011, l’association a déménagé dans de nouveaux locaux. Un modeste hôtel particulier de 1500 m², autrefois occupé par le couturier Christian Lacroix et situé rue de Monceau, dans le très chic VIII e arrondissement de Paros. « On me dit que c’est trop, soupire la présidente, Marie Béatrice Levaux, en contemplant les moulures de son immense bureau avec cinq mètres de hauteur sous plafond. Mais avant, mon bureau avait la taille d’une kitchenette. » Ouf ! Finie la vie d’étudiant.
Le rapport du cabinet KMPG, chargé d’examiner les comptes, décrit un train de vie plutôt confortable : 656 000 euros d’« agencements, mobilier et matériel de bureau » pour la nouvelle adresse chic, 544 000 euros de loyer annuel, 388 000 euros de « voyages et déplacements », 2,3 millions d’ « honoraires divers ». « Nous gérons l’argent au plus près. Chaque euros est fléché », se récrie la présidente. Elle-même ne s’oublie pas, avec 53 000 euros d’« indemnité annuelle » et 38 000 euros de notes de frais. Soit 7 600 euros de dépenses par mois, « à l’euro près »…
Bonnes à rien faire
Ces broutilles mises à part, à quoi servent les derniers versés par les particuliers ? « On fait des études sur l’emploi à domicile, on négocie avec les syndicats, les pouvoirs publics : on bosse ! » assure l’association, qui emploie 90 salariés. En échange des cotisations – elle touche 0,6 % de la masse salariale -, la Fepem doit surtout informer les particuliers de leurs devoirs de patrons, leur faire connaître la convention collective qui protège les salariés à domicile, éviter les litiges qui finissent aux prud’hommes. « Mais qui connaît la Fepem ? Personne ! » ricane un professionnel du secteur.
Sur son site internet, l’association donne quelques tuyaux, indique un numéro de téléphone où se renseigner…et propose une adhésion à 12 euros par an pour être encore mieux « informé ». Dix millions, c’est trop chiche pour faire le boulot…