Le site internet Psychologies.com a consacré un dossier aux pervers narcissiques, ces personnalités qui ont besoin de détruire leurs victimes pour exister en tant qu’individu. L’occasion de revenir sur ces dangereux manipulateurs, qui représenteraient entre 2 et 3% de la population.
Pour reconnaitre ces individus toxiques, la psychologue Isabelle Nazare-Aga propose 30 caractéristiques propres aux pervers narcissiques, qui sont autant de signe distinctifs et parmi lesquelles on retrouver le mensonge, la jalousie la culpabilisation, la critique et la dévalorisation des autres, le refus d’admettre sa responsabilité, une communication floue, un changement fréquent d’opinions.
Selon elle, si une personne réunit au moins 14 de ces 30 caractéristiques, on peut considérer qu’il s’agit d’un pervers narcissique. Le cas du blogueur Robert Eringer est intéressant à examiner à cet égard, puisqu’il réunit bon nombre de ces caractéristiques.
Les pervers narcissiques et le couple
Le premier lieu de manipulation psychologique par les pervers narcissiques est, de l’avis de tous les spécialistes, le couple. Isolées, les victimes y sont à la merci de leurs conjoints, qui peuvent développer tout le panel de leurs outils de manipulation, sans que des personnes extérieures au couple ne s’en rendent compte et sans qu’elles puissent alerter les victimes du caractère toxique de leurs « bourreaux ».
A ce sujet, Psychologies.com a recueilli le témoignage d’une femme, Espérance, âgée de 53 ans, qui a longtemps vécu avec un pervers narcissique :
« Je revois son visage fermé, glacial. Je me souviens de ses silences prolongés, de ses petites phrases assassines. Chaque jour, il me rabaissait, m’humiliait, tout en prétendant vouloir mon bonheur. De l’extérieur, les autres me regardaient d’un air envieux, pensant que je vivais avec l’homme idéal. […] Si vous les avez contrariés, ils peuvent par exemple passer en un instant d’une profonde tristesse à une fureur terrible. A côté de cela, ils ont évidemment des côtés positifs, ils peuvent être très drôles, très originaux… Mais c’est pour mieux vous manipuler. »
Le web et les pervers narcissiques
L’arrivée du web et son influence de plus en plus importante dans les rapports sociaux a également favorisé le développement des pervers narcissiques, qui y ont trouvé un excellent moyen de trouver puis de manipuler leurs victimes. Parfois, même, sans le moindre contact direct ou physique entre le sociopathe et sa cible.
Comme l’explique le psychiatre Gérard Lopez, « les agresseurs sont des experts pour colporter des rumeurs et divulguer des faux secrets. Ils savent porter des
accusations sans preuve avec force et conviction. L’amalgame est hissé au rang de vérité par les braves gens qui pensent qu’il n’y a pas de fumée sans feu, oubliant que le vampire archétype du pervers se déplace avec un nuage de brouillard que lui-même suscite. »
Sa consœur Marie-Jeanne Dubois s’est intéressée aux pervers narcissiques sur internet. Selon elle, « les pervers narcissique sévissent aussi sur la toile. Comme l’araignée, Internet leur permet d’engluer leur victime, de les coller et les traquer sans relâche. Ils peuvent ainsi nourrir leur idéal grandiose en s’identifiant aux plus grands de ce monde.»
La psychanalyste a étudié un cas particulier, celui de Robert Eringer, un blogueur californien obsédé par le besoin de dénigrer des personnalités admirées bien connues telles que le Prince Albert de Monaco et le président Russe, Vladimir Poutine. Le prestige de ses victimes étant évidemment une source de fierté pour lui.
« La façon dont Robert Eringer se met en scène et dont il agit est caractéristique du pervers narcissique », explique ainsi la spécialiste des troubles obsessionnels du comportement,
« Robert Eringer s’identifie à deux personnages et non des moindre : Vladimir Poutine et le Prince Albert de Monaco. Comme chez tous les pervers narcissiques, on observe une volonté désespérée d’humilier, de détruire l’icône qu’il s’est choisi. Sur la toile, Robert Eringer prend plaisir à destituer les puissants de ce monde qu’il envie pourtant au plus haut point », conclue-t-elle.
Refusant de reconnaitre sa maladie, Robert Eringer est aujourd’hui en situation de récidive après été condamné pour diffamation à plusieurs reprises par la justice française. Son activité cybercriminelle pourrait toutefois finir par être réprimée par les autorités américaines face à l’ampleur de la polémique née du décès de plusieurs adolescents harcelés sur le réseau social Ask.fm, plateforme particulièrement privilégiée par Robert Eringer pour pourchasser et persécuter ses victimes.