Si les choses bougent beaucoup actuellement concernant les violences faites aux femmes, elles ne bougent pas de manière unilatérale partout et pour toutes. Notre vision, connectée et abreuvée de réseaux sociaux, nous donne l’illusion trompeuse d’évolution au niveau mondial certes réelle, mais pas toujours aussi évidente que l’on voudrait. Sans aller trop loin, on s’aperçoit rapidement que les mentalités ne changent pas aussi facilement, et à tous les niveaux. Un verdict du tribunal de Porto vient, par exemple, de justifier la violence d’un homme envers son épouse pour son infidélité.
Ce sont des juges d’un tribunal de Porto, la deuxième ville du Portugal, qui ont décidé d’accorder des circonstances atténuantes à l’accusé. Celui-ci a donc écopé de 15 mois de prison avec sursis, et d’une amende de 1 750 euros seulement, sommes-nous, tentés de dire, car le ministère public réclamait une peine de trois ans et six mois ferme.
La décision du tribunal de Porto fait mention que « l’adultère commis par une femme est une conduite que la société condamne et condamne fortement ». Ce même tribunal semble compatir avec la situation de l’homme et dit « comprendre la violence de l’homme, victime de cette trahison après avoir été vexé et humilié par sa femme ». Tout cela est complété par une petite référence Biblique, « dans la Bible nous pouvons lire que la femme adultère devait être punie par la peine de mort », et un petit cours d’histoire sur le sort des femmes adultères, afin de rappeler la lapidation de femmes infidèles dans certaines sociétés et une loi portugaise de 1876 prévoyant des peines légères à l’encontre d’un homme qui tuait sa femme coupable d’adultère. Par contre, on ne sait pas ce que risque un homme coupable du même pêcher, pardon, du même délit d’adultère.
On l’a bien compris, le verdict ne dit pas qu’elle s’en sort bien, mais le cœur y est !
Bien sûr, ce jugement, a suscité de vives réactions au Portugal. l’UMAR (Union de Femmes Alternative et Réponse), qui à l’instar d’autres mouvements féministes comme l’APAV, association portugaise des femmes juristes, ou CAPAZES, qui se bat pour l’égalité des genres, « condamnent » le verdict.
Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), a finalement décidé l’ouverture d’une enquête, alors que dans un premier temps, il avait virilement exclu d’intervenir en faisant valoir l’indépendance des tribunaux. On notera aussi la même frilosité pour le président conservateur portugais Marcelo Rebelo de Sousa, qui s’est contenté de rappeler courageusement que son rôle était « de faire respecter la constitution ».
Comme on peut le voir, tout ne bouge pas comme on pourrait le penser, y compris de voir apparaître des références à la Bible pour un jugement de justice dans un état de droit.
Crédit photo : Erwann F