Passé d’environ 160 000 emplois à la fin des Trente Glorieuses à 15 000 postes en production aujourd’hui, le secteur de l’habillement devrait pourtant embaucher entre 3 000 à 4 000 emplois par an à partir de cette année. Une belle croissance portée par le secteur du luxe made in France, toujours en plein essor.
Un secteur en manque de main-d’oeuvre
Made in France, départs à la retraite, hausse des commandes des maisons de haute couture dont les collections se vendent partout dans le monde, jeunes créateurs… De nombreuses raisons qui redorent le blason du secteur de la mode et de l’habillement. Difficile à croire, pourtant la France manque de main-d’œuvre et devrait embaucher entre 3 000 et 4 000 personnes pour l’année à venir.
Démantelé dans les années 1980 à cause notamment des nombreuses délocalisations, le secteur de l’habillement était plutôt sur la pente (très) descendante en ce qui concerne les créations de postes. À la fin des Trente Glorieuses, il embauchait environ 160 000 personnes. Dans les années 2000, ce chiffre avoisinait les 15 000 postes en production. Seulement voilà, depuis 2015, les PME travaillant pour la mode et le luxe ont semble-t-il, besoin de petites mains ! Dans toutes les régions de France, les ateliers grossissent et se modernisent. Certains sont même confrontés à un réel manque de personnel.
Objectif : susciter des vocations
Comme l’explique Marc Pradal, le coprésident de l’Union française des industries mode et habillement aux Échos : « Nos entreprises doivent aujourd’hui recruter pour faire face au départ à la retraite d’une partie de leurs salariés, mais aussi pour accompagner la croissance du secteur du luxe ». En ce qui concerne ce secteur, cela représente environ 50% des embauches et l’on estime que la création nette d’emplois dans ce domaine est de l’ordre de 10% à 15% en France.
Les grandes maisons tentent alors tant bien que mal de susciter des vocations en créant des nouvelles campagnes de recrutement. Le Comité stratégique de Filière Mode & Luxe, qui regroupe aussi arts de la table, bijouterie-joaillerie, et maroquinerie a également mis en place toute une stratégie de communication autour de la mise en valeur de ces métiers. Pour Laurent Vandenbor, délégué général de Mode Grand Ouest : « Il n’y a pas eu de nouvelles entreprises. Les PME qui ont survécu à la crise de 2009 se sont agrandies et ont l’obligation de trouver des solutions ».
Des ateliers sous tension
Les grands groupes eux-mêmes sont particulièrement inquiets par ces difficultés de recrutement. Des maisons comme LVMH ou Chanel ne rassemblent plus que 250 à 300 façonniers dans tout l’Hexagone. Les ateliers sont également sous tension et les plans de charges sont élevés. Le rythme des collections est de plus en plus rapide et le nombre de modèles et de série moyenne (nombre de pièces par modèle) par collection augmente chaque année. Une demande bien souvent supérieure à l’offre que peuvent garantir ces ateliers de couture. La plupart se voient donc dans l’obligation de refuser des clients, faute d’outils suffisants.
Quid de la modernisation ? Mise en place depuis des années, elle permet certes, d’accélérer les processus, mais la main-d’oeuvre « humaine » reste irremplaçable. Dans les ateliers de Mod Passion par exemple, un spécialiste de la maille basé en Normandie, un produit peut être tracé, de la réception du tissu à son expédition comme l’explique son dirigeant, Stéphane Marseille : « Ce qui nous permet de repérer un défaut de matières. Mais dans la confection, la valeur ajoutée, c’est toujours la main ». Actuellement, tous les candidats sont reçus, des novices aux artisans confirmés. Alors si vous avez l’âme créatrice et l’envie d’utiliser vos dix doigts, ce secteur recrute !