Les plaintes pour viols et harcèlements sexuels semblent se succéder et presque devenir une « mode ». A ce jeu-là, certaines commencent à paraître un peu dérisoires et de circonstances. Elles ne doivent pas court-circuiter des situations tragiques de femmes, qui prennent des risques énormes pour dénoncer des pratiques, en se mettant sous le feu d’insultes et de menaces. C’est le cas de Henda Ayari, la première femme à avoir porté plainte pour viol contre l’islamologue suisse Tariq Ramadan. Elle a été placée sous protection policière, après avoir reçu des menaces de mort.
Au-delà, de savoir ce qui s’est réellement passé entre les personnes, cette histoire démontre une nouvelle fois, l’importance et l’impact des réseaux sociaux. Elle prouve que si dans certains cas, les réseaux sociaux permettent de dénoncer certaines choses, dans d’autres, ils deviennent un levier puissant pour faire pression en développant une capacité de nuisance énorme. Certaines personnalités, savent qu’ils ont une « garde rapprochée » fanatique sur internet, particulièrement prompte à réagir de manière virulente, et même agressive.
Henda Ayari est une ancienne salafiste, devenue militante féministe et laïque. Elle est l’une des deux femmes qui ont porté plainte contre l’islamologue geneveois pour « viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort ». Depuis, elle est harcelée avec des messages sur Facebook et Twitter, et sur son répondeur. On peut lire par exemple, que certains réseaux sociaux affirmaient qu’elle réalisait « du fric en surfant sur l’islamophobie également sur le sang des Palestiniens ». Des messages lui disent carrément d’aller se suicider, car Monsieur Ramadan était innocent des faits reprochés.
Il est aussi question dans ces messages, le fait qu’elle soit traitée de « putain », et d’être « payée par les Juifs, les sionistes ».
Juridiquement, tout ceci a amené une plainte contre X, qui a été déposée le 16 novembre dans un commissariat de Rouen (nord-ouest), où elle réside, a précisé son avocat Jonas Haddad. La plainte a été confirmée par le parquet de Rouen.
Il est clair, que la vie de cette femme, comme tant d’autres, ne sera que peurs et angoisses durant encore de longs mois, et peut-être plus. Son cas n’est hélas pas isolé, et, espérons qu’il ne soit pas trop parasité par des cas d’agressions sexuelles plus médiatiques et opportunistes que réelles.
Crédit photo : Koffi Marcellin NGUESSAN