Les Parisiens l’adorent ou la détestent : chaque été, Paris-Plage revient. Et en pleine course à la sa réélection, la maire de Paris Anne Hidalgo a tenu à marquer son territoire, en déclarant que l’événement serait maintenu cet été, malgré l’épidémie de Covid-19.
En 2002, dans les colonnes du quotidien « La Montage », l’écrivain Philippe Muray décrivait avec amusement la création de « Paris Plage » : « Cet été, les plagistes de la Mairie de Paris ont résolu de parasoliser Paris. Et de le palmiériser. Et de le boulodromiser. Et de le transatiser. Et de le littoraliser. Sur trois kilomètres. Entre quai Henri-IV et Tuileries. Trois kilomètres pour commencer. On verra par la suite. On généralisera le concept, puisqu’il ne s’agit que d’un concept. D’un bain de concept. Même pas d’un bain de pieds puisqu’il n’est pas permis de plonger fût-ce un orteil dans l’eau. Le concept a ceci d’avantageux qu’on peut l’étendre à l’infini sans soulever des tempêtes de protestations. Pourquoi, dans ces conditions, ne pas ensabler aussi la rue de Rennes et parasoliser le boulevard de Sébastopol ? Puisque tout cela n’existe que par les mots employés ? Bien entendu, il n’y a pas davantage de plage, aujourd’hui, sur les bords de la Seine qu’il n’y en avait huit jours avant. L’important est de vérifier si les gens vont accepter d’y croire. »
Sa plume acerbe décrivait alors avec cynisme et amusement l’enthousiasme des équipes municipales et des médias pour la mise en place d’une bande de sable artificielle sur les quais de Seine, litière géante pour les chats du quartier et les touristes du monde entier amusés.
Devenu un symbole politique, il était hors de question pour les équipes municipales de laisser le Covid-19 annuler ce grand moment de l’été parisien mairie : cette année, Paris-plage sera donc maintenu, dans une édition « un peu différente » selon les mots d’Anne Hidalgo. La première édile s’est justifié sur RTL : « Cet été, beaucoup de Parisiens ne vont pas partir en vacances. Beaucoup de visiteurs vont peut-être venir à Paris, plutôt d’autres régions de France que de l’étranger, et on veut vraiment les accueillir et garder cet esprit de fête à Paris ». Festivus, festivus, quand tu nous tiens…
Une édition qui sera donc organisée « dans le respect des gestes barrières et de distanciation sociale ». La mairie n’a pas encore communiqué les détails techniques qui pourront permettre d’organiser cette édition dans ces conditions si particulières, mais elle a toutefois précisé que les restaurateurs parisiens, particulièrement en difficultés ces dernières semaines, seront mis à l’honneur : sur le bassin de la Villette, plusieurs d’entre eux pourront désormais s’installer.
À Paris comme ailleurs, les restaurateurs ont en effet particulièrement souffert du confinement et de la crise sanitaire. Les mesures de distanciation sociale risquent de peser encore lourdement sur leur chiffre d’affaires. En ouvrant le bassin de la Villette à certains d’entre eux à l’occasion de Paris-Plage, la municipalité vient en aide à l’un de poumons économiques de la capitale.