Elle a maintenant 105 ans, elle fut une parfaite secrétaire, difficile de discerner quelque chose d’extraordinaire chez cette vieille dame discrète, et pourtant un article du gardian, et un reportage de A German Life, lui est consacré. Elle y raconte le quotidien de ce qu’elle fut, une des plus fidèles secrétaires de l’un des plus puissants dirigeants nazis du IIIe Reich, Joseph Goebbels.
La vie de Brunhilde Pomsel a basculé en 1942. Avant, elle était secrétaire pour une radio, et membre du Parti nazi, comme à peu près 8 millions d’Allemands. Elle a été recommandée pour un poste au ministère de la propagande. Cette nomination, est une récompense, car cela signifiait « qu’elle était la dactylo la plus rapide de la radio ».
Donc, pendant trois ans, elle travaille pour un salaire, à l’époque faramineux, de 275 marks. Cependant, elle insiste, il s’agissait d’un travail comme un autre.
La description, de Brunhilde Pomsel à propos de Goebbels, se fait dans des termes courtois et apaisés. Elle décrit un homme « à l’élégance noble« , qui avait « toujours les costumes avec les meilleurs tissus » et « des mains très soignées, il devait probablement se faire une manucure chaque jour ». Elle restera toujours fidèle à la famille Goebbels, « ils ont toujours été très bons avec moi ». Elle se rappelle sa stupéfaction lorsqu’elle apprend, le 1er mai, qu’ils se sont tous suicidés.
Plus de soixante-dix ans après, Brunhilde Pomsel jure toujours, comme elle l’a fait à la chute du IIIe Reich, ne pas avoir été au courant de ce que perpétrait le régime. La secrétaire sera condamnée à cinq ans de prison dans des camps tenus par les Russes. Elle redeviendra par la suite, secrétaire dans une radio d’État, avec un bon salaire, et des voyages, jusqu’à sa retraite en 1971.
Brunhilde Pomsel, sait qui lui reste peu à vivre. Pour elle, » il ne s’agit absolument pas de soulager ma conscience« , mais plutôt « de reconnaître cette image dans le miroir, dans laquelle je peux comprendre ce que j’ai fait de mal ».
Par les temps qui courent, et la remontée de certains extrémismes, le témoignage, l’attitude et les paroles de cette vieille dame résonnent, et apparaissent d’un terrible aveuglement. Elle persiste en disant, « nous y croyions, nous l’avons gobé. C’était entièrement plausible » de croire que les Juifs disparus, avaient été envoyés dans des villages du Sudetenland pour repeupler la région. Elle décrit surtout « un pays entier qui était comme ensorcelé« .
Il ne s’agit pas de « jeter la pierre » à cette vieille dame, que nous laisserons avec son propre examen de conscience. Comme elle le dit très bien, « les gens aujourd’hui, qui disent qu’ils auraient tenu tête aux nazis, je pense qu’ils sont sincères en disant cela, mais croyez-moi, la plupart ne l’auraient pas fait ». Faisons plutôt en sorte que personne ne se retrouve dans cette situation, volontairement ou pas, en évitant que de tels régimes se retrouvent à la tête de notre État.
Crédit photo : Jon Fidler