Le prince consort est décédé ce vendredi 9 avril à l’âge de 99 ans. Depuis 1947 il était l’époux d’Elizabeth II. Depuis plusieurs semaines hospitalisé pour des problèmes cardiaques, l’inquiétude était palpable à son sujet. La fin d’un morceau de l’Histoire européenne.
Interrogé par la BBC en 2011, le duc d’Édimbourg avait eu ses mots ironiques et amusés : « mais qui se préoccupe de ce que je pense ? ». Un trait d’humour révélateur de la personnalité de ce membre de la famille royale d’Angleterre, entre l’orgueil d’un homme fier au destin rocambolesque et la résignation de vivre dans l’ombre de sa femme, de la couronne et de la monarchie. Désormais connu des jeunes générations grâce à la série The Crown, il était un homme d’un autre siècle, d’une Angleterre aujourd’hui disparue. « C’est avec une profonde tristesse que Sa Majesté la reine a annoncé le décès de son époux bien-aimé, Son Altesse Royale le Prince Philip, duc d’Édimbourg. Son Altesse Royale est décédée paisiblement ce matin au château de Windsor. »
C’est par ces quelques mots que la famille royale a annoncé ce vendredi la mort du prince consort à l’âge de 99 ans. Depuis 2017, son état de santé déclinant, le Prince avait annoncé disparaître de la scène publique. Une infection du coeur l’avait d’ailleurs conduit à de longues semaines d’hospitalisation au mois de mars.
« Mon premier, second et ultime emploi est de ne jamais laisser tomber la reine », avait-il expliqué à son secrétaire particulier, Michael Parker, juste après son mariage, en 1947. Une fidélité à la fois maritale, politique et philosophique. Un dévouement auquel Elizabeth II avait rendu hommage, confiant publiquement qu’il avait été sa « force » et son « soutien ».
Le Premier ministre conservateur Boris Johnson a salué ce vendredi la « vie extraordinaire » du Prince Philip, exprimant « le chagrin et la gratitude » de tout le Royaume. Pour le Premier ministre australien Scott Morrison, il « incarnait une génération qu’on ne reverra jamais ».
Un destin européen
Époux de la Reine Élisabeth II, Petit-fils du roi des Hellènes Georges Ier et petit neveu de la Tsarine Alexandra Fiodorovna Romanova : le Prince Philip était un condensé des gloires européennes.
Né « Philip de Grèce et du Danemark » le 10 juin 1921 à Corfou, son oncle est chassé du trône et son père doit quitter le pays alors que le petit n’a que 18 mois. Il passe son enfance entre la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Sa mère, d’abord hospitalisée pour une dépression, finit par entrer dans les ordres. Son père choisit de s’installer à Monaco. Philip, lui, séparé de ses parents, est envoyé en Écosse pour y étudier. Un aristocrate sans famille, dans un milieu de la haute société britannique qui mettra du temps à l’accepter.
Il entre dans l’armée britannique en 1939, au Royal Naval College de Dartmouth. C’est là, à 18 ans, qu’il rencontre celle qui deviendra son épouse, la princesse Élisabeth, de cinq ans sa cadette. Il sert ensuite dans la marine durant la Seconde Guerre mondiale contre l’Allemagne nazie et s’y distingue rapidement, devenant l’un des plus jeunes et éblouissants lieutenants de la Royal Navy.
Alors qu’une brillante carrière militaire s’ouvre à lui, la couronne de son épouse le contraint à vivre dans l’ombre de celle-ci, dans un rôle d’incarnation de la nation et de représentation qu’il acceptera difficilement, souvent avec ironie. De son union avec la Reine naîtront quatre enfants.
Pendant les près de 70ans passés au côté de la Reine, le Prince Philip se sera particulièrement impliqué dans la conversation du patrimoine naturel et la protection de la faune et la flore. Un engagement qui coulait de source pour un homme conservateur, attaché au devoir de transmettre aux générations suivantes une terre à la hauteur de celle qu’il avait reçue.