L’explosion des demandes de divorce, engendrée par la crise sanitaire et l’obligation du confinement, pose la question de la pérennité du couple face à l’épreuve. Comment en arrive-t-on à quitter son conjoint après 2 mois de confinement, ou après 50 ans de mariage ?
Il est pourtant bien des événements plus terribles pour un couple : la perte d’un enfant, ou celle d’un parent, le chômage de longue durée, la maladie, la disparition du désir, ou l’infidélité. Autant d’aléas qui parfois sonnent le glas d’une union après des années de mariage. Pour certains, ce fut le confinement qui fut le détonateur.
Le confinement : l’heure de vérité du couple en crise
Alors que les médias s’amusaient de la multiplication des demandes de divorce aux autorités administratives chinoises, des couples devaient prendre cette décision difficile : celle de se séparer. « Vivre à deux, c’est être capable de s’ennuyer ensemble » affirme la philosophe Claude Habib-Drouot dans Le Goût de la vie commune. Une capacité à vivre entre quatre murs dont tous les couples ne sont manifestement pas ou plus capables.
Pris dans l’étau du quotidien, c’est-à-dire l’élément qui (souvent) le définit et tout à la fois l’enferme, le couple fut confronté à lui-même dans un huis clos sans possibilité de fuite. Sans surprise, la quarantaine a entrainé partout dans le monde une hausse des violences au sein du foyer. « Une augmentation de plus de 30 % des signalements de violences conjugales » a été constatée en France, selon la secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa.
Jusqu’à ce que le confinement nous sépare
La multiplication des violences et des séparations liées au confinement pose la question de la pérennité du couple face à la « répétition du même ». Un couple est-t-il capable de vivre, comme Bill Murray, Un jour sans fin ? Comment peut-il surmonter l’enfermement d’une quarantaine, tout comme l’usure du temps qui passe et qui, parfois, se répète à l’infini ? A quel moment une personne se sent–t-elle confinée au point de vouloir in fine mettre un terme à sa relation?
La séparation d’un couple de longue durée est souvent vécue comme un cataclysme, à la fois pour le couple et pour son entourage, qui misait sur lui pour réaliser son rêve d’amour éternel. Que l’on pense aux couples mythiques d’acteurs américains, tels que Susan Sarandon (Thelma et Louise) et Tim Robbins (Mystic River), qui finirent par se séparer après 23 ans de mariage. « La seule chose qui m’a paru très claire, c’est qu’il faut penser à sa relation amoureuse (…) comme à un organisme vivant. Il est en mouvement constant, il change, il grandit. Je pense que les relations à long terme doivent être constamment réévaluées » a déclaré l’actrice. Cette question est l’une des plus universelles qui soit et se rencontre dans toutes les cultures et tous les milieux sociaux.
En Russie, une vague de divorces chez les oligarques fait ainsi les gros titres de la presse à scandale depuis quelques années, plusieurs milliardaires quittant subitement leurs conjointes avec qui ils étaient marié depuis des décennies pour refaire leur vie avec une jeune femme.
Dernier exemple en date, le célèbre oligarque multi-milliardaire russe Oleg Burlakov, qui a quitté sa femme après presque 50 ans de mariage, près d’un demi-siècle, pour partir avec une ambitieuse jeune fille, Sofia Shevtsova. Une différence d’âge entre les deux amants presque comique, puisqu’elle est quasiment équivalente à la durée du mariage du milliardaire. Une chose est sûre, son divorce qui va faire grand bruit, notamment autour du splendide yacht du richissime homme d’affaire russe, le « Black Pearl ». En août dernier, c’était le divorce de l’oligarque Vladimir Potanin qui faisait parler de lui. Après un premier jugement prononcé en 2013 suite à une une liaison avec l’une de ses employées, le milliardaire russe est renvoyé devant les tribunaux en Grande-Bretagne où son ex-femme, Natalia, réclame désormais la bagatelle de 7 milliards de dollars. Des affaires qui rappellent le cas de Vladislav Doronine, autre oligarque russe qui avait abandonné sa femme pour la mannequin Naomie Cambell en 2009. Un affaire qui avait déjà fait grand bruit en Russie à l’époque.
Ces sommes énormes pour des divorces souvent signés après plusieurs dizaines années de mariage sèment le trouble et interrogent. Est-ce un phénomène uniquement propres à certains hommes extrêmement riches, à qui la puissance de l’argent (et l’attractivité qui en découle sur le marché conjugal) a démultiplié l’effet du « démon de midi » ? Rien est moins sûr, et la tendance au divorce même tardif semble toucher toute la société.
Divorce : Nous ne vieillirons pas ensemble
En dix ans, le nombre de séparations chez les plus de 60 ans aurait doublé. Un phénomène autrefois rare, devenu générationnel, dont s’est emparée la série à succès « Grace et Frankie », diffusée sur Netflix. Ou les aventures de deux amies de 70 ans, dont les maris respectifs leur annoncent qu’ils s’aiment et qu’ils vont se marier. « A 60 ans, on dispose de plus d’un quart de siècle devant soi, souvent au top de la forme, contre moins de dix ans en 1968. On se projette dans l’avenir et on se demande si on a vraiment envie de vieillir ensemble, surtout que de nombreuses personnes de l’entourage, y compris parfois ses propres enfants, ont déjà divorcé. » explique le sociologue Serge Guérin.
On dit parfois qu’un couple ne se rencontre pas qu’une seule fois, mais à plusieurs reprises au cours de son existence, durant les épreuves de sa vie. Le confinement aura révélé chez certains couples l’incapacité de se rencontrer… une dernière fois.