Quand on parle de problèmes de repas à la cantine, on évoque la plupart du temps des problèmes religieux ou d’hygiène. Cette fois, c’est juste une question de cohérence. Une étude de Greenpeace met en évidence, la différence entre le nombre de protéines, notamment d’origine animale, que l’on trouve dans un plateau-repas à la cantine, et les recommandations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).
Il semblerait, que la nourriture servie dans nos écoles, c’est-à-dire plus d’un milliard de plats servis à six millions d’élèves en France, soit tout simplement trop riche. Elle contiendrait trop de protéines au regard des préconisations de l’ANSES. Ce serait plus particulièrement flagrant dans les petites classes de la maternelle et du primaire. Greenpeace en profite pour enfoncer le clou, et évoque des apports en protéines en moyenne deux à quatre fois, supérieur aux recommandations des nutritionnistes.
Pour révéler cette contradiction, Greenpeace met tout simplement en parallèle les chiffres de l’ANSES en matière d’apport alimentaire et les listes fournies par le Groupe d’étude des marchés restauration collective et nutrition (GEM-RCN). Cet organisme, rattaché au ministère de l’Économie, est chargé de guider les restaurateurs scolaires dans leurs achats. « Ce ne sont que des recommandations, mais elles sont suivies par une majorité des communes aujourd’hui« , précise Laure Ducos, chargée de campagne agriculture pour Greenpeace.
Greenpeace ne se soucie pas seulement de la santé de nos enfants, il s’inquiète aussi de la santé de ces animaux qui fournissent cet excès de protéines. Il s’agit de faire coïncider des impératifs en matière de santé et d’environnement. Il veut influer sur nos habitudes alimentaires et mettre fin à des pratiques, loin d’être aussi naturelles que l’on croit. Il met donc en évidence dans son rapport, les raisons de cet écart entre préconisation alimentaire et la réalisation des repas, pourtant élaborée avec des services normalement sous la surveillance de l’État.
Laure Ducos continue son explication, « mais Greenpeace a essayé de comprendre pourquoi il y avait trop de protéines. Et nous nous sommes rendu compte qu’au niveau national, il y avait un désengagement de l’État dans les groupes de travail qui rédigent les recommandations« . Du coup selon Greenpeace, les lobbies agro-alimentaires pèsent de tous leurs poids sur le GEM-RCN.
Pour étayer ses dires, l’ONG explique que sur les 43 membres que comptaient les réunions de travail du GEM-RCN pour l’année 2014, au moins six personnes appartenaient à des filières ayant trait à la viande ou au lait. Un nombre égal à celui des nutritionnistes invités autour de la table, quand les représentants de l’État et des collectivités n’étaient pas plus de cinq. La chargée de campagne agriculture pour Greenpeace conclue, « l’État laisse une trop grande importance aux représentants des filières viandes et produits laitiers qui pèsent autant que les nutritionnistes ce qui, à nos yeux, est tout à fait choquant ».
Crédit photo : Ville de Reze