On pensait avoir tout vu : près de 41 000 personnes ont signé une pétition en ligne pour dénoncer la coupe des chênes destinés à la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Quand il s’agit du mobilier urbain, de la construction de logements ou la restauration de lieux publics, les écologistes adorent le bois. Mais quand il s’agit de restaurer la cathédrale Notre-Dame de Paris, les coupes de chênes organisés dans les forêts françaises, certains dénoncent un « écocide ». Près de 41 000 personnes ont déjà signé la pétition qui dénonce les coupes prévues pour la construction de la nouvelle charpente, disparue dans l’incendie de 2019.
Remis à la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, le texte dénonce « une aberration ». Pour rappel, 1 000 arbres de 230 ans devraient être abattus en 2021, pour la première base de la charpente qui supportera la flèche. Débités et transportés dans une vingtaine de scieries, ils seront ensuite séchés avant d’être transportés vers les ateliers de charpentiers en 2023. Viendra ensuite la coupe de 1 000 autres arbres destinés à la reconstruction de la charpente du XIIIe siècle, surnommée justement « la forêt ».
Comme nous le rappelions dans un précédent article, le choix du bois pour la restauration de la cathédrale n’est pas esthétique ou symbolique, mais essentiellement pratique : « il est impossible de restaurer le lieu dans son écrin d’origine sans faire appel aux mêmes matériaux, aux propriétés similaires : une charpente en aluminium, beaucoup plus légère et facile à construire, serait à moyen terme dangereuse pour le bâtiment, confectionné à l’époque suivant des proportions pensées pour soutenir le poids d’une charpente en bois ». Certes, d’autres cathédrales comme celle de Reims ou de Nantes ont été restaurées avec du béton, mais cette option s’est avérée très décevante sur le long terme. Le bois s’avère plus durable et plus économique que le béton armé.
Consternation de la filière bois
De son côté, la filière bois a rappelé que ces coupes destinées à la restauration de la cathédrale ne concernaient que « 0,1 % de la récolte annuelle ». Une infime part d’un secteur particulièrement surveillée, où le risque d’abattages trop importants est quasi nul. D’ailleurs, la surface occupée par les forêts ne cesse de s’étendre en France, retrouvant désormais son niveau du moyen-âge. Selon l’Office National des Forets, on abat même moins de chênes qu’il en pousse : « Il en pousse plus qu’on en récolte, soit 3 millions de mètres cubes, contre 2 millions, chaque année ». Pas de panique donc, quand la cathédrale Notre-Dame aura retrouvé sa flèche, la France n’aura pas perdu ses forets.