La notion de mode, ce n’est pas vraiment la tasse de thé du gouvernement iranien, qui a lancé une grande opération intitulée opération « Araignée II ». Cette opération a été préparée depuis deux ans. Elle a abouti à l’arrestation de huit personnes en mars, et des procédures et avertissements ont été lancés à l’encontre de 21 autres personnes. Elles sont accusées de propagation de « culture anti-islamique ».
Parmi ces personnes, figure le mannequin iranien lham Arab qui s’était fait un nom sur son site Instagram, spécialisée dans le port de robes de mariage et de tenues de soirée légères. Plusieurs dizaines de milliers de fans suivaient ses photos de soirées entre amies, ses secrets de maquillage ou encore ses clichés de sa dernière opération de chirurgie esthétique. Instagram est l’un des seuls réseaux sociaux autorisés en Iran, et où Facebook et Twitter sont toujours interdits.
La jeune femme est apparue à la télé, gantée sous un voile noir traditionnel, elle comparaissait pour « propagation de culture immorale« , devant le redoutable procureur de Téhéran, Abbas Jafari Dowlatabadi. Elle a déclaré qu’elle regrettait la publication de ses photos non voilées sur les réseaux sociaux, ajoutant qu’elle conseillait aux Iraniennes de ne pas commettre la même « erreur » qu’elle.
L’opération « Araignée II » a identifié un réseau de « dangereux criminels ». 170 personnes qui géraient des pages sur Instagram, dont 59 photographes et maquilleurs, 58 mannequins, 51 responsables de maison de couture. « Nous avons découvert que 20 % du réseau Instagram iranien était contrôlé par les milieux de la mode« , a déclaré dimanche soir Javad Babaie, juge dans ce tribunal. Il a ajouté que 60 % des utilisateurs iraniens d’Instagram suivaient ces pages.
En Iran, les femmes doivent se couvrir tout le corps à l’exception du visage et des mains. Depuis une quinzaine d’années, une tendance réformiste inexorable pousse, pour que les Iraniennes portent le foulard obligatoire de façon plus décontracté, avec des couleurs vives ou laissant dépasser quelques mèches à l’air libre. Au grand dam des ultraconservateurs, moins nombreux mais toujours très influents dans la sphère policière et judiciaire.
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