Les titres presse sont dithyrambiques et ne font pas l’économie des superlatifs pour décrire la carrière de Glass Marcano, première chef d’orchestre (et non « cheffe ») noire d’Europe. Mais le tapage médiatique autour de cette jeune interprète masque surtout son faible niveau artistique — et celui de la profession tout entière.
La couleur de peau suffit-elle à faire un talent ? Pour certains nouveaux racistes, il semblerait que oui. De Télérama à France Musique, tous se pressent pour dresser des lauriers à la jeune chef d’orchestre de 25 ans. Un consensus qui nous semble moins justifié par le talent intrinsèque du jeune maestro que par ses origines… et la mode du politiquement correct.
En effet, fille de professeurs vénézuéliens, cette enfant de la classe moyenne latino-américaine est un produit marketing woke à elle toute seule : femme, noire, jeune, un piercing au nez… De quoi « dépoussiérer » une musique classique arc-boutée sur ses racines européennes !
En 2020, elle passe le concours La Maestra, une compétition de chefs d’orchestre féminins pilotée par la Philharmonie de Paris et le Paris Mozart Orchestra pour donner plus de visibilité aux femmes. Une présence qui se conclut par un échec, mais dont le style « dynamique » et « vivant » séduit un petit monde de la musique classique toujours soucieux de « nouveauté » pour remplir les salles de concert… et justifier « politiquement » ses subventions auprès des organismes publics.
Le jury lui remet alors « le prix de l’Orchestre » et depuis, elle a dirigé plusieurs fois le Paris Mozart Orchestra et assisté plusieurs chefs d’orchestres nationaux (à Tours, Lille, Lyon…), tout en poursuivant sa formation au Conservatoire régional de Paris.
Mais que penser de cette « hype » ?
Tout d’abord, que les choses soient claires : Glass Marcano est une bonne chef d’orchestre. Mais mérite-t-elle cette surexposition médiatique ? C’est moins sûr. Ses grimaces et ses gestes exubérants séduisent une presse mainstream qui y voit là une révolution. Et même si ces exagérations agacent et apparaissent de plus en plus comme un grossier argument marketing pour appuyer une image « jeune » et « d’étonnante », les amateurs de grande musique savent que les chefs d’orchestre ont toujours exprimé leurs partitions avec leur corps, leur visage, leurs yeux et leur souffle.
C’est donc une exagération et qui est tout sauf une nouveauté.
Enfin et surtout, l’engouement pour Glass Marcano révèle surtout l’effondrement du niveau de maîtrise exigé pour les chefs d’orchestre : depuis une quarantaine d’années, bon nombre d’entre eux ont perdu la « culture orchestrale » qui faisait leur particularité, pour maîtriser chaque instrument dans ses moindres subtilités. Symptôme et cause de ce phénomène : de moins en moins de chefs d’orchestre ont fait leurs armes dans l’opéra, comme les « kapellmeister » d’antan. Se contentant d’être des rythmiciens corrects, ils commandent des orchestres de plus en plus en « pilotage automatique ». On pense notamment à Thielemann ou Dudamel.
Bref, une fois de plus, le petit milieu du classique nous mène à la baguette…