Fortnite, vous en avez forcément entendu parler : le jeu cartonne depuis de nombreuses années chez les adolescents, que ce soit sur leurs consoles de salon ou sur leurs smartphones. Et ne vous étonnez pas si au prochain repas dominical de famille, votre petit neveu vous parle de « 1984 » Georges Orwell : il aura certainement vu le dernier spot publicitaire de Fortnite qui s’en prend ouvertement… à Apple. Métropolitaine vous explique tout.
Petit événement dans le monde des « gamers » : en se connectant a leurs parties, des milliers de joueurs du jeu Fortnite ont découvert ce jeudi 13 août un spot vidéo surprenant, qui détourne la légendaire pub d’Apple des années 80 et qui elle-même s’inspirait de l’œuvre de 1984 de Georges Orwell. Une parodie où les rôles ont été inversés et dans laquelle le jeu de tir à la troisième personne remplace la marque à la pomme dans le rôle du personnage libre et Apple dans le rôle de Big Brother.
Pourquoi une telle mise en scène et pourquoi l’avoir diffusé auprès de ses joueurs ? L’éditeur du jeu, Epic Games, est rentré en guerre ouverte contre Apple et Google, les accusant de profiter de leur position dominante et de pratiques « anticoncurrentielles ». En effet, les développeurs (notamment pour les jeux vidéo) doivent payer aux plates-formes de téléchargement des applis — l’App Store et le Google Play Store — une commission de 30 % sur les transactions des utilisateurs.
Autrement dit, à chaque achat effectué sur Fortnite, que ce soit pour acheter le jeu, pour faire acquérir à son personnage de nouvelles propriétés ou de nouvelles armes, l’App Store et le Google Play Store touchent un pourcentage de la transaction. Une pratique dénoncée par de nombreux professionnels du secteur depuis plusieurs années, mais c’est Epic Games qui a lancé l’assaut il y a quelques jours en proposant aux joueurs un nouveau mode de paiement alternatif, qui permet aux joueurs d’économiser de l’argent en contournant ces systèmes intégrés par défaut et obligatoires.
Une pratique qui viole les conditions d’utilisation de l’App Store et du Play Store, et qui a contraint les deux géants américains à réagir en bannissant le jeu vidéo de leurs plateformes. Contre-attaque quelques heures plus tard d’Epic Games, qui avait visiblement préparé son coup : une plainte a été déposée contre Apple auprès de la justice américaine pour dénoncer de cette situation de monopole, dossier porté par Christine Varney, ancienne conseillère de Barack Obama pour la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles. Parallèlement, Fortnite a appelé ses joueurs (environ 350 millions de personnes y ont joué depuis sa sortie en 2017) à se mobiliser sur les réseaux sociaux autour du hashtag #FreeFortnite.
On le voit, cette crise va bien au-delà du jeu vidéo, et mêle des enjeux économiques, politiques voire même… géopolitiques : Epic Games est lui-même détenu à hauteur de 40 % par Tencent, le géant chinois de l’internet. Dans la recrudescence des tensions entre Washington et Pékin par exemple au sujet de TikTok, le sujet de Fortnite est loin d’être anodin.
Dimanche prochain, quand votre petit neveu vous parlera de Fortnite, vous saurez de quoi il en résulte.