Loin des clichés, la capitale qatarie fait peau neuve et propose aux visiteurs locaux et étrangers une sélection d’adresses toutes plus branchées et arty les unes que les autres. Balade dans les ruelles d’une mégalopole grouillante aux mille secrets, qui a bien l’intention de devenir un hub touristique régional.
Savourer un café latte issu de grains sélectionnés, originaires du Pérou, de Colombie ou de Tanzanie ; siroter une spécialité à base de gingembre ou d’épices ; déguster un brownie ou une pâtisserie typiquement américaine, le tout dans un décor moderne et épuré : bienvenue au « Flat White », un nouveau concept de café « hipster », qui fait fureur… à Doha.
« Nous n’avions pas ce style hipster, c’est ce qui manquait au Qatar », argumente le propriétaire de l’établissement, Nasser al-Nuaimi, un entrepreneur de 35 ans qui, depuis 2012, a déjà décliné son concept « Flat White » dans trois quartiers de la capitale. Et il n’est pas le seul à surfer sur cette vague venue de Brooklyn. Récemment, une boutique spécialisée dans les céréales de petit-déjeuner, un café servant du quinoa et des salades, et même un restaurant vegan — une première dans le pays — ont également ouvert leurs portes, séduisant une clientèle aussi bien locale qu’internationale.
Doha, le nouveau Berlin ?
Loin des clichés réduisant le pays à ses dunes de sable et à son histoire bédouine, le Qatar se rêve aujourd’hui en destination branchée et arty. En témoigne l’éclosion, à Doha, de nombreux lieux ou évènements dédiés à la culture, tel que le Musée national du Qatar. Imaginé par l’architecte internationalement reconnu Jean Nouvel, le bâtiment, toujours en construction, se veut un « caravansérail moderne, en forme de rose des sables », selon les mots du lauréat du prix Pritzker 2008.
À quelques encablures du chantier se dresse l’imposant Musée d’art islamique de Doha. Dessiné par l’architecte Leoh Ming Pei, auteur de la Pyramide du Louvre, le bâtiment, ouvert en 2008, abrite les chefs-d’œuvre de l’art islamique du VIIe au XIXe siècle. Tout en faisant la part belle aux expositions temporaires, comme celle qui fut dédiée au boxeur converti à l’islam Mohamed Ali, qui avait séjourné au Qatar au début des années 1970.
Il serait pourtant faux de croire que Doha se contente d’exposer les trésors de la riche histoire régionale. Les amateurs d’art contemporain se dirigeront, quant à eux, vers le musée du Mathaf, signé par l’architecte Jean-François Bodin. Ouvert au public il y a sept ans, l’établissement peut s’enorgueillir d’une collection de plus de 9 000 œuvres, en provenance de l’ensemble du monde arabe — dont seulement 3 % sont exposées de manière permanente.
Sortis des musées, les visiteurs ont tout intérêt à explorer les rues et dédales de Doha. À commencer par The Pearl, cet archipel d’îles artificielles où plages, marinas et commerces rivalisent avec les meilleurs hôtels. Avec ses eaux couleur émeraude, dans lesquelles mouillent des yachts de luxe, rien d’étonnant à ce que les Qataries surnomment The Pearl la « Riviera arabe ». Et pour se relaxer, pourquoi ne pas rejoindre Katara Beach, une plage privée qui s’étend sur 1,5 kilomètre, où une multitude d’activités sont proposées à toute la famille ?
Les touristes en quête de traditions locales pourront, eux, explorer le souk Waqif. Rénové en 2006, ce marché permanent propose tous les produits typiques du Moyen-Orient : épices, dates, noix, mais aussi de nombreux produits artisanaux. Et parce que nous sommes à Doha, où tradition et modernité se conjuguent en permanence, le souk Waqif recèle également des galeries d’art et accueille, ponctuellement, des concerts et évènements culturels en tout genre. Doha serait-il en train de devenir le nouveau spot branché et hipster — le nouveau Berlin ?
Booster le tourisme durable au Qatar
C’est en tout cas l’ambition affichée des autorités qataries. En octobre 2017, la Qatar Tourism Authority (QTA) a présenté un plan ambitieux, destiné à placer l’émirat en tant que nouveau hub touristique régional. L’objectif : doubler le nombre de visiteurs à l’horizon 2023, en atteignant 6 millions de personnes par an. Si ce pari est réussi, la contribution directe du tourisme devrait passer de 19,8 milliards de Riyals qataris (QAR) en 2016 à 41,3 milliards en 2023 — soit une part de PIB évaluée à 3,8 %.
La promotion du tourisme, vecteur de soft power par excellence, répond également à l’impérieuse nécessité pour le Qatar de diversifier son économie, encore largement dépendante de ses exportations d’hydrocarbures. C’est aussi dans ce but que la QTA a résolument inscrit son plan d’action dans une démarche environnementale, le nouveau dispositif devant mettre l’accent sur « les opportunités d’investissement afin d’accélérer la croissance et de promouvoir le développement durable ». À l’image de Berlin la verte, encore une fois.