Une page Facebook en activité depuis le 3 mai dernier invite les femmes iraniennes à s’afficher sans voile sur le réseau. Une démarche osée qui pourrait bien être perçue comme une provocation dans un pays très marqué par le conservatisme religieux.
Ainsi, la page Facebook Stealthy Freedoms of Iranian Women (« petits moments de liberté des femmes iraniennes ») a récolté plus de 129 000 « j’aime » depuis sa création. Initié par Masih Alinejad, une journaliste iranienne exilée à Londres, ce projet propose aux iraniennes de poster sur Facebook des photos d’elles sans leurs voiles.
Comme l’a expliqué au Masih Alinejad aux Inrocks, « beaucoup de femmes enlèvent leurs voiles quand elles sont en privé. Je leur ai demandé de m’envoyer des selfies (autoportrait) de ces furtifs moments de liberté où elles sont elles-mêmes. Quand j’étais en Iran, j’enlevais mon voile quand je me trouvais à la campagne ou dans un espace privé. Je me suis demandé combien d’Iraniennes ressentaient les mêmes choses que moi. La réponse est : beaucoup plus ce que j’avais imaginé ».
Si l’initiative est louable, elle pourrait toutefois s’avérer risquée dans un pays qui a rendu le port du « hijab », voile islamique qui laisse le visage apparent, obligatoire sous peine d’amende depuis la révolution de 1979. La journaliste basée à Londres a d’ailleurs été ouvertement critiqué par les médias conservateurs iraniens comme Far News qui l’ont qualifié « d’antirévolutionnaire ».
Rappelons ici que les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter sont toujours à l’heure actuelle interdit en Iran. Si les jeunes iraniens tentent parfois de contourner cette censure par le développement de pare-feux ou d’anti-filtres, Masih Alinejad semble persuadée que le succès de sa page aurait été encore plus impressionnant si les iraniennes avaient un accès plus libre aux réseaux sociaux.
Crédits photo : Hamed Saber