Le défilé de mode est-il un rituel usé ?

Au sein de la mode, il existe aujourd’hui un consensus, révélé au grand jour par la crise sanitaire et qui aujourd’hui risque de bouleverser le secteur : la mode est excessive, va trop vite, et génère trop de pollution. A l’heure de la crise sanitaire et environnementale, le défilé de mode a-t-il encore une raison d’être ? Oui, selon Antoine Arnault, administrateur du groupe LVMH.

« Je vais abandonner le rituel usé des saisonnalités et des défilés pour retrouver une cadence plus proche de ma vocation expressive. Nous nous rencontrerons seulement deux fois par an pour partager les chapitres d’une nouvelle histoire », affirmait récemment le directeur artistique Alessandro Michele (Gucci). 

« Conscient de la conjoncture actuelle et des changements radicaux qu’elle induit, Saint Laurent prend la décision de repenser son approche au temps et d’instaurer son propre calendrier » déclarait fin avril la griffe parisienne.

« Le luxe ne peut pas et ne doit pas être rapide […]. Cette crise est une opportunité pour ralentir et réaligner chaque chose » résumait Giorgio Armani dans une lettre ouverte au média WWD.

Show must (not) go on

La crise sanitaire et le confinement qu’elle a entraîné ont-ils eu raison des défilés de mode ? Dans le viseur des couturiers, la cadence jugée infernale des fashion week, qui correspondent au total à 6 défilés par an pour les très grandes maisons. Dénoncée également, l’empreinte carbone du secteur, qui, selon l’Organisation des nations unies, générerait 20% des eaux usées et 10% des émissions de carbone de la planète.

Les défilés front row vont-ils se transformer en shows digitaux avec mannequins 3D ? Peut-être en partie… La Fashion week masculine qui devait se tenir initialement à Paris en juillet devrait avoir lieu en ligne du 9 au 13 juillet « sous la forme d’un film ou d’une vidéo ». Un nouveau format que certains couturiers voient d’un bon oeil : « Je ne considère pas le numérique comme moins chargé d’émotions, je vois le numérique comme une expérience où l’on peut pousser nos rêves encore plus loin » (Olivier Rousteing, Balmain).

« On est sans doute arrivés au bout d’un système » Antoine Arnault (LVMH)

Difficile d’imaginer que les fashion weeks disparaissent complètement du champ de la mode, notamment pour des raisons économiques. Mais certains groupes de luxe, à l’image de LVMH, annoncent vouloir renoncer aux excès des spectacles de mode tenus à l’autre bout du monde, comme les défilés croisières.

« On est sans doute arrivés au bout d’un cycle, et au bout d’un système » déclarait sur le plateau de Quotidien, Antoine Arnault, directeur général de Berlutti et administrateur du groupe LVMH. Tout en cherchant à rappeler le fort impact économique des défilés : «Pour une ville dans laquelle la Fashion week a lieu, comme Paris, New York ou Tokyo, cela apporte énormément d’argent, ce sont des milliers et des milliers de chambres d’hôtels, de restaurants qui sont plein, de métiers, d’emplois, des agences événementielles qui ne travaillent que là-dessus. Il ne faut pas non plus tout balayer d’un revers de la main en se disant que c’est le monde d’avant. Ce sont de grands équilibres qu’il faut manier avec précision et attention».

Favoriser la créativité et respecter l’environnement

Il s’agit donc pour l’industrie de la mode de se renouveler en trouvant un juste équilibre entre créativité, impératifs business et réduction du bilan carbone. « Pour moi, la créativité a besoin de ce terrain d’expression. Le défilé est un moment unique, très efficace, qui rassemble la presse et les acheteurs. Mais il faut travailler à les rendre plus écologiques » résumait récemment le styliste Dries Van Noten.

 

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