Le Zimbabwe cherche à revenir sur trente ans d’interdiction internationale d’achat et de vente d’ivoire. Une interdiction qui a enrayée l’extinction des éléphants d’Afrique, mais qui ne fait pas les affaires de ce pays d’Afrique australe, qui croule sous les stocks d’ivoire de ses très nombreux pachydermes. Une mine d’or que les dirigeants Zimbabwéens voudrait bien pouvoir exploiter.
Le Zimbabwe, qui abrite un quart des éléphants en Afrique avec l’une des rares populations du grand mammifère terrestre en hausse dans le monde, tente de trouver des alliés pour obtenir la légalisation du commerce international d’ivoire, interdit depuis plus de trente ans.
Le pays a invité cette semaine les représentants de quinze pays à une conférence sur le sujet dans la réserve de Hwanga, la plus grande de l’Etat, située à la frontière avec le Botswana et exemple de réussite en matière de protection des éléphants.
Ici, quelque 50 000 spécimens se partagent 14 600 km2 de végétation. Le parc naturel est aussi grand que la moitié de la Belgique, mais de grandes étendues étant nécessaires pour nourrir les pachydermes, la réserve est en surpopulation.
Cette croissance entraîne des incidents de plus en plus fréquents avec les hommes : 60 personnes ont été tuées par des éléphants dans le pays depuis le début de l’année et 72 en 2021, selon le gouvernement. Les pachydermes se sont mis à errer hors des réserves. En janvier, une femme et son bébé sont morts piétinés dans le Sud-Est.
Le pays compte quelque 100 000 spécimens, près du double de la capacité de ses parcs, selon les défenseurs de l’environnement. Contrairement à d’autres régions où les braconniers ont exterminé l’espèce principalement pour l’ivoire, le Zimbabwe voit sa population augmenter de 5 % par an.
De plus, certains pays d’Afrique se plaignent de devoir payer pour sécuriser d’énormes stocks d’ivoire acquis par morts naturelles ou confiscations, arguant que leur vente pourrait financer la conservation ou l’envoi de spécimens dans des pays où la population est en déclin.
Le commerce international de l’ivoire est interdit depuis 1989 par la Convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore sauvages menacées d’extinction (Cites). Des ventes exceptionnelles ont été autorisées en 1999 et 2008.
« Il est difficile de trouver un juste milieu », a déclaré dans un communiqué le ministre du tourisme et de l’environnement, Mangaliso Ndhlovu. Certaines populations locales se demandent « pourquoi les éléphants sont prioritaires sur leur propre vie ».
La semaine dernière, le Zimbabwe a demandé le soutien des pays européens pour la vente de son stock d’une valeur de 600 millions de dollars. Il y a trois ans, avec le Botswana et la Namibie, le pays plongé dans une grave crise économique avait déjà réclamé un droit de commerce, mais cette demande avait été rejetée par la Cites à Genève.
La conférence, qui doit se poursuivre jusqu’à jeudi, réunit des pays en faveur de la légalisation comme la Chine et le Japon, où l’ivoire est très prisé. Les Seychelles et Madagascar, qui n’ont pas d’éléphants sur leur territoire, sont également représentées. Le Kenya et la Tanzanie en revanche, qui craignent qu’une telle mesure n’encourage le braconnage, n’ont pas été conviés.