L’effondrement du transport aérien, provoqué par la crise sanitaire mondiale du coronavirus, a eu raison du projet de privatisation d’Aéroports de Paris (ADP). Le gouvernement vient d’annoncer sa suspension. Motivé sans doute aussi par les 1,2 millions de signatures demandant un référendum sur le sujet.
La privatisation d’Aéroports de Paris (ADP), depuis son annonce par le gouvernement, a provoqué de forts remous dans l’opinion publique. Cette procédure devait conduire à la cession par l’Etat des 50,6% du capital d’ADP qu’il possède encore, la société étant déjà cotée en Bourse.
La pétition pour un référendum sur la privatisation d’ADP recueille 1,2 millions de signatures
Cette privatisation a déclenché la création d’une pétition réclamant un référendum d’initiative partagé (RIP) sur le sujet. Au dernier comptage, à une semaine de l’échéance du 12 mars, la pétition avait recueilli 1,2 millions de signatures, moins que les 4,3 millions officiellement nécessaires à la tenue d’un référendum.
Mais, en avril 2019, Emmanuel Macron avait déclaré qu’il souhaitait abaisser ce seuil à 1 million de signatures. La mesure n’a pas (encore) été adoptée, mais, avec un tel cadre, le référendum aurait du être organisé. Preuve d’une vraie mobilisation populaire sur ce sujet.
Mais c’est « l’instabilité actuelle des marchés (financiers) » qui pousse le gouvernement à suspendre la privatisation
Cette pression populaire a-t-elle jouée dans la décision prise par le gouvernement, le 11 mars 2020, de suspendre cette privatisation ? Difficile à dire, tant la situation sanitaire et l’état actuel du transport aérien rendaient problématique une telle manœuvre. L’action d’ADP a en effet perdu 30% de sa valeur depuis le 21 février.
«L’instabilité actuelle des marchés (financiers) montre que les conditions de marché ne sont pas du tout favorables à une quelconque opération de privatisation et en particulier en ce qui concerne ADP», a déclaré Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, à l’issue du conseil des ministres, ce 11 mars 2020.
Pour autant, pas certains que l’opération soit remise en question sur le fonds, puisque Sibeth Ndiaye a complété : «Nous serions un très mauvais gestionnaire si nous faisions le choix immédiat de céder des actifs et notre participation dans ADP» à des niveaux de cours si faible. Reste à savoir si, une fois la crise sanitaire passée, le processus reprendra et si l’opposition populaire sera, ou non, entendue par le gouvernement.