Grindr, l’une des applications de rencontre phares de la communauté gay, va repasser sous pavillon américain. Le gouvernement des Etats-Unis a en effet imposé à son propriétaire, une société chinoise, de revendre l’application, sous peine d’être interdite de séjour sur le territoire américain. L’objectif de l’opération est d’éviter que le gouvernement chinois ne mette la main sur des données sensibles de citoyens américains.
Voici quelques semaines, nous vous expliquions que Grindr, l’application de rencontre de référence de la communauté gay, était l’une des applications qui protégeaient le moins votre vie privée. Une enquête du conseil norvégien des consommateurs lui avaient attribué le bonnet d’âne en la matière. Déjà épinglée voici quelques années pour avoir indûment partagé le statut sérologique de ses utilisateurs, Grindr se voyait reprocher la précision des informations qu’elle transmet à des tiers – notamment l’orientation sexuelle de ses membres.
Grindr traite des données sensibles d’utilisateurs américains
Mais Grindr présentait, pour le gouvernement américain, un risque plus important encore. En effet, depuis 2016, l’application, créée par des entrepreneurs américains, était la propriété du groupe chinois Kunlun Tech, même si son siège social était toujours situé en Californie. L’application continuait de collecter des informations sensibles. Plusieurs utilisateurs de Grindr sont d’ailleurs des personnalités publiques ou des membres de l’administration américaine.
Or, il semblerait que des ingénieurs chinois travaillant sur l’application ont eu accès à des données personnelles d’utilisateurs de Grindr – et ce, alors même que ces datas sont théoriquement stockées dans des serveurs installés aux Etats-Unis. Le gouvernement américain en a eu vent, et a immédiatement soulevé un risque pour la sécurité nationale, surtout dans un contexte de guerre commerciale avec la Chine.
Un « accord de sécurité nationale » pour revendre Grindr à des actionnaires américains
Dès lors, Kunlun Tech n’avait plus le choix, Grindr menaçait d’être purement et simplement interdite sur le territoire américain. Le groupe chinois a donc signé, en 2019, un « accord de sécurité nationale » avec le gouvernement américain, s’engageant à revendre Grindr à des actionnaires américains avant juin 2020.
C’est San Vicente Acquisition, un groupe d’investisseurs et d’entrepreneurs de la tech, qui va donc acquérir l’application de rencontres, pour un montant estimé à 608 millions de dollars. Une belle opération pour Kunlun Tech, qui avait acheté Grindr 152 millions de dollars. Reste à savoir si ce nouveau propriétaire va réformer la passoire à données personnelles qu’est actuellement l’application…