«Bodyguard» (littéralement « garde du corps ») : cette application a été créée par Charles Cohen, jeune français de 23 ans et originaire de Nice. Elle permet de viser, modérer et supprimer les commentaires haineux sur les réseaux sociaux. Plusieurs personnalités publiques, dont certains politiques, ne pourraient déjà plus s’en passer.
Bilal Hassani, youtubeur et chanteur représentant la France au concours de l’Eurovision 2019 (où il a finit 14e), ne peut plus se passer de son « Bodyguard ».
D’origine marocaine, homosexuel et arborant des looks exubérants, le jeune homme est victime depuis des mois de harcèlement quotidien et extrêmement violent sur les réseaux sociaux, allant jusqu’à des menaces de mort. Soit, 50 000 commentaires haineux supprimés en 4 mois sur sa chaîne YouTube.
« Des trucs bien odieux qui passent à la trappe… »
Mais depuis l’installation de ce modérateur de haine, Bilal Hassani semble plus apaisé : « J’ai plein de trucs bien odieux qui passent à la trappe et ça c’est super cool ! ».
Une application protectrice qui semble aujourd’hui aussi nécessaire psychologiquement au chanteur que peut l’être dans la réalité son garde du corps. « Je les remercie vraiment énormément parce qu’ils font un travail de filtrage et de modération qui est vraiment super bon, bien meilleur que celui des applications (Twitter, YouTube…) pour l’instant. », se confiait-il à Yann Barthès, sur le plateau de Quotidien en janvier dernier.
Communication humaine VS communication 2.0
Créée en 2017, par un jeune Niçois et ancien étudiant en informatique, après 6 mois d’essais, l’application, gratuite et sans publicité, compte à ce jour plus de 27 000 utilisateurs.
Disponible sur des réseaux sociaux tels que Twitter, Facebook ou YouTube, elle permet de modérer les commentaires violents, racistes et homophobes. L’algorithme permet de classer les messages reçus en fonction de leur nature : « La communication humaine est trop compliquée à comprendre pour les machines ! Il est important de les accompagner au jour le jour » , explique Charles Cohen.
Les messages négatifs ou la critique constructive ne sont de ce fait pas filtrés par l’application.
Mais le développement de cette application ne doit pas s’arrêter là, selon son créateur. Convaincu de son efficacité, il souhaite la mettre au profit des familles et plus largement de l’éducation : « Les parents seraient alertés en temps réel si leur enfant est victime de cyber-harcèlement sur Internet. Même si les enfants reçoivent une très bonne éducation, dans la vraie vie, il est possible qu’ils envoient des atrocités sur Internet. » Une manière, selon lui, de permettre aux parents de garder un œil sur leur enfant, « avec l’aide de certains psychiatres ».
Ce qu’en dit la loi
La loi prévoit des sanctions en cas d’incitation publique à la haine, aux propos discriminatoires ou à la violence raciste, pouvant aller, en France, jusqu’à 45 000 euros d’amende et un an d’emprisonnement. Les auteurs de ces faits sont pourtant encore trop rarement condamnés.