Quand on parle de poupées sexuelles, les « anciens » vont tout de suite avoir une image de poupées gonflables aux contours sexuels étranges, et aux formes particulièrement disgracieuses. Tout cela est fini, si la terminologie a changé, c’est que le produit n’est plus le même, désormais, les mannequins en silicone, sont d’un réalisme troublant, d’un esthétisme sûr, et de plus, ils sont modulables à l’infini.
A ce stade-là, on utilise le terme de « sextech » pour définir ce qui reste toujours des objets. Ils sont cependant munis de plus en plus de technologies, de connexions et maintenant d’intelligence artificielle (IA). Il s’agit d’une vraie source de revenus, qui intéresse de plus en plus les industriels comme Marc Dorcel, leader du X en France. Cette année, le « DorcelLab », un incubateur de start-up regroupées autour de la thématique « Innover autour de la sexualité » a été créé. Le phénomène est mondial, et l’entreprise américaine Real Doll vend entre 20 et 50 poupées par mois à travers le monde. Des maisons closes proposant uniquement des partenaires en silicone, ont ouvert en Espagne et Irlande.
Encore une fois, la rapidité du progrès technique prend de cours la réflexion sur l’éthique et les conséquences de nouvelles pratiques sur nos comportements. Les fabricants vont avoir un discours convenu du type « on ne fait que répondre à la demande », et ils vont nous expliquer que leurs usages sont la conséquence de la baisse du nombre de rapports sexuels dans un couple, les autres vont évoquer la timidité maladive et les difficultés d’aller vers l’autre.
Sans tomber dans un puritanisme exacerbé, ou un déni coupable, il est tout de même utile de préciser comme le fait la psychologue Nathalie Parein, « on n’a pas de relations sexuelles avec un robot », car dans le terme relation sexuelle, il y a relation. Les objets proposés sont évidemment toujours d’accord et un comportement prévisible et programmé, tout le contraire d’une réelle relation qui sous-entend la prise en considération des attentes de l’autre. C’est ce qui en fait sa complexité, mais aussi sa richesse, et elle procure toute la satisfaction d’une réelle relation.
Plus grave encore, serait une utilisation trop précoce de ces « objets », qui ajouterait une confusion entre la réalité de la sexualité humaine et la virtualité induite par la machine. Une sensibilisation à l’instar de la jeunesse est à mettre en place comme on le fait pour la pornographie.
Dans ce domaine, la législation est particulièrement en retard, et donc elle laisse de grands vides juridiques. Par exemple, les poupées sexuelles qui ressemblent à des personnes, voire à des personnalités ont déjà été créées par un particulier. On voit surgir des poupées sexuelles à l’effigie d’enfants et certaines poupées sont décrites comme « réservées » et « timides » par le fabricant, et à utiliser en mode « viol ».
On ne pourra pas tout légiférer, interdire ou restreindre. Tout ceci nous appelle à nous interroger encore une fois, sur la place et l’importance de la sexualité dans notre vie. Il convient de séparer et d’expliquer la différence entre sexualité, amour, désir, relation, la place et l’importance que l’on donne respectivement à chacun.
Crédit photo : PeachyStraw