Le féminisme se répand partout, il influence de nombreux domaines, et le cinéma porno n’échappe pas à la règle. S’il n’est pas question de parler de révolution, il convient de signaler, que même dans ce milieu essentiellement tourné vers le plaisir des hommes, les choses changent. Certaines productions commencent à clairement sortir des codes classiques pour s’adapter au plaisir féminin.
Le monde du porno est en pleine mutation, les nouvelles technologies lui permettent, à tort ou à raison, d’être facilement consommable par tous, grâce à internet. Au-delà, de l’aspect sexuel pur, le monde du porno véhicule une flopée de clichés pas vraiment reluisants. Cela va de la classique et connue image d’une femme soumise, mais qui va parfois jusqu’au viol. On retrouve aussi, des clichés racistes, sexistes et misogynes. Tout ceci, sans compter les conditions de réalisation des films de plus en plus tournés à la chaîne dans des studios aux conditions plus que discutables.
C’est pour cela, que certaines femmes ont décidé de changer les codes des films afin qu’ils soient plus à l’écoute du plaisir des femmes. Elles s’appellent Ovidie, Anoushka ou Erika Lust et quelques autres, et elles veulent, chacune à leur manière avoir le droit inavouable de mater du porno, quand leur compagnon ou compagne n’est pas là, juste pour le plaisir.
Ovidie, fait figure de pionnière du mouvement en France, elle est la plus connue, car elle a produit un documentaire sur les changements malsains qui s’opèrent dans le milieu du X. Ce documentaire de référence « Pornocratie », dénonce notamment les nouvelles multinationales du sexe et leur méthode de production au rabais, pour alimenter internet. Elle intervient aussi sur certains sites d’informations et de réflexion.
Ces femmes, défendent aussi une vision qui subit moins le diktat du porno gratuit de nombreux sites. Il en ressort des bouts de films centrés sur la pénétration avec des caractéristiques physiques complètement exagérées. Par exemple, des pénis tous très gros au milieu de femmes menues, mais dont les seins sont eux aussi miraculeusement énormes.
Pour elles donc, il faut retrouver de la diversité. Anoushka explique, « je ne joue pas avec des codes et des normes de gros sexes, de seins refaits. Le but, c’est de respecter le choix de chacun, de montrer la diversité qui existe dans notre société, ainsi que dans la sexualité ».
Erika Lust, de son côté revendique son plaisir en tant que femme, « J’en avais assez de regarder du porno où le rôle de la femme était de donner du plaisir à l’homme, mais son propre plaisir était complètement ignoré. Je savais qu’il y avait tellement plus dans la sexualité, que ce qui était représenté dans ses films, et c’est ce sur quoi, je voulais mettre l’accent ».
Il ne faut plus fermer les yeux, le porno est de plus en plus accessible. Si les jeunes générations qui se rendent sur des sites pornos, ne voient que des vidéos où le plaisir féminin n’existe pas, avec l’absence de cours d’éducation sexuelle digne de ce nom, il y a danger pour discerner la réalité. Il est à craindre aussi, que des notions comme le consentement et des pratiques sexuelles basées sur le respect et la recherche du plaisir commun, ne soient plus vraiment d’actualité.
Crédit photo : insolite sexualité