La pression médiatique l’a emporté : une collection d’objets namibiens récupérés lors de la période coloniale par les allemands et exposés dans des musées outre-Rhin ont été transférés en Namibie. Et tant pis si, comme l’expliquent de nombreux experts, ce passage par l’Europe a pu préserver des objets qui auraient disparus s’ils étaient restés en Afrique. Des objets du quotidiens et des objets religieux qui risquent bientôt de finir sur le marché noir, faute d’institutions culturelles sérieuses sur place.
La collection comprend un récipient orné de trois têtes, une poupée portant une robe traditionnelle, des bijoux et des lances. Une vingtaine d’objets en tout, transmis sous la forme de prêt au Musée national de Windhoek
« Tous les objets ont été collectés pendant l’ère coloniale allemande auprès de différentes communautés namibiennes », vraisemblablement au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, a déclaré la présidente de l’association des musées de Namibie, Hilma Kautondokwa, lors d’une cérémonie officielle dans la capitale namibienne.
Les objets ont été choisis par des experts en Namibie pour leur importance historique, culturelle et esthétique. Ils sont exposés au musée et visibles par le public.
« Ces objets resteront en Namibie », a assuré Hermann Parzinger, le président de la Fondation du patrimoine culturel prussien, qui chapeaute les musées berlinois, répondant aux critiques déplorant qu’il s’agit d’un prêt et non d’une restitution en bonne et due forme.
Des centaines d’objets anciens provenant de ce pays d’Afrique australe sont encore dans les collections allemandes. Le Musée ethnologique de Berlin discute depuis trois ans de leur sort avec la Namibie dans le cadre de l’engagement pris par l’Allemagne d’améliorer ses relations avec son ancienne colonie.
Moins vaste que ceux de la France et du Royaume-Uni, l’empire colonial allemand englobait des parts de plusieurs pays africains, dont la Namibie, le Cameroun et le Togo.
L’Allemagne a restitué des crânes et d’autres restes humains envoyés à l’époque à Berlin pour des expériences « scientifiques », mais les deux pays n’ont à ce jour pas réussi à s’entendre sur le versement de réparations.