Pointée du doigt par le CSA sur le manque de variété des programmes proposés, France 2, sous l’impulsion de Delphine Ernotte et Stéphane Sitbon-Gomez, nouveau directeur des antennes et des programmes de France Télévisions, a récemment proposé une diversification de ses programmes et a rencontré un franc succès auprès de ses téléspectateurs.
Un vent de changement souffle chez France 2. Récemment pointée du doigt par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) concernant la présence trop importante de polars dans les programmes proposés, la chaine a opté pour une importante diversification de son offre. Réagissant aux critiques formulées sur sa programmation, la directrice de France Télévisions, Delphine Ernotte et son équipe ont lancé trois nouvelles fictions, adaptées de faits réels et abordant des sujets complexes et touchants, des faits divers aux problématiques familiales, à travers la question de l’autisme ou des violences sexuelles.
Laetitia, une mini-série comprenant six épisodes de 45 minutes, diffusée dès le 21 septembre, retrace ainsi l’itinéraire d’un fait divers qui a bouleversé la France, le brutal assassinat, en 2011, de Laetitia Perrais, et le travail acharné de la gendarmerie pour retracer les dernières heures de sa vie. Adaptée de l’ouvrage d’Ivan Jablonka Laëtitia ou la fin des hommes, la mini-série réalisée par Jean-Xavier de Lestrade a rencontré un franc succès dès la première soirée de sa diffusion, avec 3,5 millions de téléspectateurs en moyenne, la plaçant en tête du prime du 21 septembre. « Ce projet de série veut rendre hommage aux petites Laëtitia et Jessica. À tous ces enfants qui traversent les ouragans de la vie et qui tentent avec un courage bouleversant de tenir debout et d’échapper à un destin qui se voudrait forcément funeste. (…) Je voudrais qu’à travers la série on se souvienne de ces deux jeunes filles avec plus d’émotion que de tristesse ; qu’on se souvienne d’elles comme des héroïnes plutôt que comme des victimes », confie le réalisateur au Courrier Picard.
Des téléfilms et mini-séries autour de drames familiaux
Autre nouveauté de la chaîne publique, la série Le Mensonge, adaptée de l’affaire Iacono, met en scène Daniel Auteuil au cœur d’un drame familial et politique sur fond d’accusation de pédophilie. « Pour toutes ces histoires très sombres, il faut rester pudique, ne pas faire dans le voyeurisme, il faut essayer ne pas être complaisant par rapport à la souffrance des gens. Il faut trouver la bonne limite et faire ressortir la bonne histoire », détaille Vincent Garenq, le réalisateur à Première. Comme Laetitia, la mini-série composée de quatre épisodes a caracolé en tête des audiences lors de sa première diffusion télévisée, le 5 octobre, avec plus de 4,5 millions de téléspectateurs. « Une adaptation réussie, tant par sa rigueur et sa sobriété, commente Télé 7 jours. Daniel Auteuil incarne avec justesse cet homme sur lequel le sort s’acharne tandis que Grégoire Bonnet campe un impressionnant et magnifique avocat de la défense. »
Enfin, depuis le 26 octobre, France 2 diffuse un nouveau programme original, porté par l’acteur Samuel Le Bihan et écrit à partir d’une de ses idées originales, T’en fais pas, j’suis là. Le téléfilm met en scène un brillant avocat d’affaires, père démissionnaire d’un enfant autiste de 12 ans, dont il est, suite à un drame, brutalement obligé de s’occuper. « La réussite du téléfilm tient principalement aux prestations de ses comédiens, tous très justes, assure Allociné. C’est cet « apprentissage » dans les deux sens -entre Gabriel qui a du mal à communiquer et Jonathan, qui, à force de ne penser qu’à son travail est devenu un handicapé des sentiments- qui est réellement au cœur de ce téléfilm qui montre bien ce que c’est que de vivre au quotidien avec l’autisme. » Un sujet particulièrement poignant qui a fédéré, au moment de sa première diffusion, près de 4,5 millions de téléspectateurs.
L’impulsion de la nouvelle équipe dirigeante
Un pari réussi, donc, pour la chaine d’audiovisuel public, qui a réussi à réunir un public hétéroclite en se renouvelant à travers ces trois nouveaux programmes. Une volonté de la nouvelle équipe de direction, qui avait assuré que 2020 serait une année charnière en matière de renouvellement pour l’audiovisuel public. « Pour nous, l’année 2020 va être un tournant », confiait, en août dernier au Monde, Stéphane Sitbon-Gomez, le nouveau numéro deux de l’audiovisuel public. A tout juste 33 ans, le bras droit de Delphine Ernotte compte bien mettre son dynamisme au service de la chaîne, en « dénichant de nouveaux talents ou fictions ». « Il faudrait être vieux pour avoir de beaux postes ? » lance le directeur des antennes dans les colonnes des Echos.