Depuis le 1er août dernier, nous avons consommé plus de ressources naturelles que la planète a à nous offrir, d’après le Global Footprint Network. Une surconsommation qui nous place en situation de dette écologique un peu plus tôt tous les ans. Selon ce rapport, il faudrait aujourd’hui l’équivalent d’1,7 terre pour subvenir à nos besoins. Mais encore faut-il en avoir conscience et comprendre les atouts et enjeux de notre mix énergétique…
Plus alarmant encore, en France le « jour du dépassement » a été fixé cette année au 5 mai – celui à partir duquel l’empreinte écologique de l’humanité dépassent la capacité biologiquement productive de la planète. Autrement dit, en 2018, si toute l’humanité consommait comme les Français, elle aurait exploité l’équivalent des capacités de régénération de 2,9 Terres. Alors, comment faut-il s’y prendre pour se racheter ?
« Nous devons réapprendre à produire, et à consommer, car la poursuite des comportements actuels conduira inexorablement à des effondrements d’écosystèmes qui auront des conséquences tragiques sur notre économie, notre santé, notre alimentation » répond Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique. Cela doit aussi se traduire par une hausse des énergies renouvelables (EnR) appuyées par une baisse du nucléaire qui devrait dessiner notre futur mix énergétique français.
A travers la révision de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), le gouvernement entend accompagner cette transition durable. Le nucléaire, actuellement première source d’énergie en France, est ainsi voué à reculer au sein du mix énergétique. D’ici à 2030, sa part dans la production globale d’électricité pourrait passer de 72 à 50%. Mais à cause d’un ralentissement dans le développement des EnR, ce délai risque d’être retardé. Le nucléaire offre en effet l’avantage de ne pas émettre de gaz à effet de serre.
D’après Enedis, RTE, le Syndicat des énergies renouvelables et l’Association des distributeurs d’électricité en France, 31% de l’électricité consommée en France entre avril et juin provient des énergies renouvelables (20% hydroélectrique, et environ 10% d’éolien, d’énergie solaire et de bioénergies). Au-dessus des 27% imposés par l’Union européenne d’ici à 2030, donc. Ces bons chiffres sont notamment la conséquence d’une consommation moindre d’électricité durant cette période. Ils sont tout de même encourageants quand on sait que l’an dernier, le mix énergétique français était composé de renouvelables à seulement 18,1%.
Seul, entre amis ou en famille, voici quelques idées de balades énergétiques à faire cet été
-
Hydroélectricité : dans les entrailles du barrage de Vassivière
Près du village de Mazet à Peyrat-Le-Château, on trouve le barrage hydraulique de Vassivière – sur un lac artificiel français de 9,76 km2 qui a été créé par la construction d’un barrage situé sur la Maulde (Limousin). Avec 47 kilomètres de rivage, il propose plusieurs plages dont celles de Broussas et de Vauveix. A 40 mètres sous terre, se trouve aussi l’usine du Mazet qui produit 330 millions de kilowattheures chaque année.
Cette immense infrastructure souterraine a été construite en 1951. Elle est jointe au barrage, qui permet à EDF de stocker 106 millions de mètres cube d’eau. Des visites de ces deux sites sont programmées tout au long de l’été le vendredi (10h – 13h30 et 16h) sur rendez-vous.
-
Centrale nucléaire en déconstruction
Dans la commune de Morestel dans l’est du Rhône, entre les « Terres Froides » et les premiers contreforts des monts du Bugey (Isère), accueille une ancienne cité médiévale ceinturée de remparts (datés du XIVe siècle) avec un château delphinal. Elle se trouve également en bordure du site nucléaire EDF de Creys-Malville – le plus grand réacteur nucléaire en déconstruction au monde.
Ce réacteur, d’une puissance de 1240 mégawatts électriques, était le premier prototype de la filière RNR (réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium) construit à l’échelle industrielle. Il y est possible de visiter l’immense bâtiment abritant la réacteur (85m de haut), d’observer les outils technologiques qui lui ont un jour permis de fonctionner et de choisir des visites thématiques (environnement, maintenance…).
Toutes les visites se réservent sur www.edf.fr/visitez-nos-centrales ou sur demande pour les groupes à creys-visites@edf.fr.
-
Futur centre de stockage des déchets radioactifs de l’Andra
Aux portes de Saudron, commune de Haute-Marne, en région Grand Est, l’Agence Nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra) a installé un laboratoire de stockage de déchets radioactifs. Ce petit village traversé par l’Orge, un petit affluent de la Saulx, abrite également des vestiges d’une enceinte néolithique de plusieurs kilomètres datant de la première moitié du 4e millénaire avant notre ère.
La visite comprend la présentation de la gestion des déchets radioactifs en France et le projet de stockage profond Cigéo, une visite de l’espace technologique afin de découvrir des prototypes de conteneurs de stockage ainsi que la reconstitution grandeur nature des galeries du laboratoire souterrain, l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les expérimentations scientifiques et techniques menées actuellement à 500m de profondeur. La visite de ces galeries souterraines est également organisée tous les jours entre mi-juillet et mi-août sur rendez-vous. Ne manquez pas cette descente vertigineuse de 7 minutes en ascenseur dans les entrailles de la terre.
-
Parc éolien
Bouin est une commune française située en Vendée (Pays de la Loire). Elle accueille l’ancien château du Sénéchal de Poitou ainsi que l’hôtel du Sénéchal de Bretagne. Caractérisée par une activité salicole historique, Bouin est également un centre de production d’énergie éolienne. Il est possible de visiter le parc éolien de Bouin, au cœur de la Baie de Bourgneuf, tous les jeudis à 14h30 en juillet et août.
Le site propose de se familiariser avec le fonctionnement de ces grandes structures qui bordent nos routes et notre littoral, mais aussi d’en apprendre davantage sur les enjeux climatiques de la baie (notamment sur la question du réchauffement des eaux marines).
-
Centre de valorisation énergétique
À Halluin, située en lisière de la métropole lilloise, dans le département du Nord, à la frontière franco-belge, on trouve une multitude de bâtiments anciens (manoirs, églises, le Moulin Hollebeke…), d’espaces verts et un port de plaisance. Elle accueille également un des plus importants Centres de Valorisation Energétique de France, qui gère les 350 000 tonnes de déchets non-recyclages produits chaque année sur l’ensemble de la métropole.
Le Centre de Valorisation Energétique de Halluin est un lieu d’exception pour en apprendre plus sur le ramassage, le traitement de nos déchets et leur « seconde vie ». Quoi de mieux pour prendre conscience de notre empreinte écologique ? Son incinérateur « nouvelle génération » permet par exemple de récupérer la chaleur dégagée par leur combustion afin de fabriquer de l’électricité – et de couvrir la consommation annuelle de 25 000 foyers.
Visites guidées à partir de 10 ans du lundi après-midi au vendredi midi.
Transition électrique et mobilité durable
Avec la transition écologique, la mobilité aussi change en France. Ainsi, un certain nombre d’activités insolites sont nées autour de ces bouleversements.
Ainsi la ville de Metz, préfecture de la Moselle et siège d’une fameuse cathédrale gothique, propose des croisières insolites à bord d’un bateau solaire. Elles vous mèneront au cœur de la vielle ville et dans ses alentours pour un aperçu de la faune (cormorans, martins pêcheurs, grèbes huppés, hérons), de la flore et des monuments historiques (le Lycée Fabert, la Tourelle de l’Hôtel du Passe-Temps, la Préfecture, la Basilique Saint Vincent…) messins. Le bateau électrique fonctionne grâce à des panneaux solaires placés sur son toit. Il évite ainsi toute émanation de polluants, de gaz à effet de serre ou toutes nuisances sonores.
De même, la cité médiévale de Saint-Émilion propose des visites en Tuk-tuk (avec en option visite de vignoble et dégustation dans un château) ou Marseille en trottinette, le tout en version électrique. Il est ainsi possible de visiter sans trop se fatiguer, mais aussi de manière écologique, l’Athènes des Gaules, avec découverte du Vieux-Port, le Mucem, la cathédrale de la Major et le quartier du Panier.
Si vous avez trop chaud pour sortir de l’eau cet été, séance de rattrapage lors de la 8e édition des journées de l’industrie électrique les 29 et 30 sept 2018. Ces visites du patrimoine culturel exceptionnel d’EDF permettent de mieux comprendre l’histoire de notre production énergétique et l’évolution du mix énergétique français grâce à des installations dédiées et des animations dans 49 Espaces Découvertes. Avec 400 000 visiteurs et 428 animations en 2017, EDF propose de se familiariser avec l’univers des énergies, son passé et son avenir (construction de robots, développement durable, climat…). Dépêchez-vous, les inscriptions sont déjà ouvertes et les places limitées !
« Le nucléaire offre en effet l’avantage de ne pas émettre de gaz à effet de serre. » Il me semble que cette affirmation pourrait être nuancée. Cela n’est valable que pour la phase de production et encore (extraction et transport du minerai, gestion des déchets…). Stricto sensu, c’est même faux puisque le nucléaire émet de la vapeur d’eau lors de son fonctionnement, qui est un puissant gaz à effet de serre. On considère juste que cela rentre dans le cycle de l’eau et donc que cela ne doit pas être pris en compte.