Alors que la toute première pilule ostro-progestative pour les femmes est apparue en 1955, aux États-Unis une équipe de scientifiques de l’Université de Washington, travaille activement sur un équivalent hormonal pour les hommes. Et les résultats sont plus que positifs…
Son nom barbare est « 11-beta-MNTDC ». Cette pilule-test a permis de faire baisser le niveau de testostérone nécessaire à la production de spermatozoïdes chez quarante jeunes hommes de 18 à 25 ans, qui ont testé, 28 jours durant, ce prototype. Certains ont pris une pilule dosée à 200mg, d’autres dosée à 400mg, quand une dizaine de participants, ont pris chaque jour et sans le savoir, un placebo.
28 jours plus tard
« Nos résultats suggèrent que cette pilule, qui combine deux activités hormonales en une diminuera la production de sperme tout en préservant la libido », explique le Dr Christina Wang du Los Angeles Biomediacl Research Institute et du Harbour UCLA Medical Center.
La molécule permet ainsi d’imiter les effets de la testostérone sur le cerveau. Au bout d’un mois de prise quotidienne, le niveau de testostérone nécessaire à la production de spermatozoïdes a considérablement baissé chez les patients, constituant une contraception satisfaisante sans, semble-t-il d’effet négatif notoire.
La libido non chamboulée, certains patients ont toutefois montré quelques désagréments comme de l’acné, de la fatigue ou des maux de tête. Quelques effets secondaires, similaires à ceux ressentis par la pilule contraceptive féminine et sans gravité, puisque dus au traitement et qui ont immédiatement cessé à la fin du test.
Des années de recherches
Quoiqu’il en soit, les prochaines recherches devront permettre de peaufiner l’efficacité du traitement (et d’en amoindrir les effets indésirables) mais devront également déterminer si la production de sperme s’arrête réellement.
Encore un long travail pour les chercheurs, ce qui explique pourquoi, même si les résultats sont très prometteurs, la pilule ne devrait être commercialisée que dans une dizaine d’années selon le Dr Christina Wang.
Notons que la pilule DMAU, produite par la même équipe scientifique américaine, avait déjà fait ses preuves en mars 2018. Les premiers tests effectués sur le prototype à base de diméthandrolone undécanote avait été très encourageants.
Vers une égalité sexuelle
En France, même si la pilule féminine est encore le moyen de contraception le plus utilisé, les femmes s’en détournent de plus en plus depuis 2012, préférant d’autres alternatives.
En 2018, elles étaient 71% (selon un sondage du laboratoire Terpan) à considérer cette prise quotidienne comme une charge mentale nuisant à leur épanouissement sexuel. Une charge mentale qui proviendrait surtout de l’éducation sexuelle, et ce dès la scolarité, qui responsabilise davantage les femmes que les hommes sur le sujet.
Un autre visage discret des inégalités femmes/hommes que la médecine devrait réajuster d’ici une dizaine d’années. En attendant, ils étaient 61%, les hommes qui se disaient prêts à prendre quotidiennement la pilule par voie orale si elle était commercialisée, selon une étude de 2012 menée par l’institute CSA.