Le secteur de la cosmétique de luxe fait sa révolution et promet une beauté à la fois bio et high-tech. L’homme d’affaires Guillaume Ryckwaert parle d’un « aggiornamento » sans précédent.
Plus rien ne sera comme avant. C’est en tout cas l’avis de Guillaume Ryckwaert, pour qui la cosmétique de luxe « doit passer à la vitesse supérieure » en anticipant « le désir des femmes de se faire belles avec des produits exigeants et naturels ».
Et le marché semble lui donner raison. Que ce soit sur le plan de la composition ou des techniques, les innovations ne cessent de se multiplier. Si les hydrolats bio permettent de nettoyer la peau, de rincer les cheveux ou de réaliser des masques à partir de poudres sans détruire le film hydrolipidique, l’éponge Konjac promet quant à elle de nettoyer et exfolier en douceur en laissant de côté le coton, l’eau micellaire et le nettoyage agressif.
Côté techniques, les innovations sont à couper le souffle. Capsum, une jeune société spécialiste de l’encapsulation, est en train de révolutionner la cosmétique. La start-up marseillaise, qui se définit comme une « entreprise scientifique », dispose d’un savoir-faire bien particulier : la microfluidique, qui permet de manipuler l’eau et l’huile au micromètre près pour créer de nouveaux matériaux (des microcapsules, des perles, des bulles…). Miniaturisés, ces matériaux permettent d’améliorer la sensibilité et sont présents dans certains produits désormais bien connus tels que l’Abeille Royale de Guerlain ou le Sérum Harmonie Divine de l’Occitane.
« Elégance discrète » selon Guillaume Ryckwaert
Le simulateur de maquillage Makeup Genius de L’Oréal permet quant à lui d’essayer virtuellement les produits de maquillage en se regardant dans son smartphone comme dans un miroir. Une évolution capitale aux yeux de Guillaume Ryckwaert car elle permet aux consommateurs d’acheter un maquillage personnalisé.
L’expert estime en effet que la cosmétique de luxe devra offrir une « véritable expérience utilisateur » à ses clientes dans les prochaines années. C’est d’ailleurs ce qu’il entend faire en développant des séances de coaching de deux heures. « Le maquillage est une technique – et un art. Impossible de s’improviser maquilleur. Cela nécessite un savoir-faire. Pourquoi ne pas le transmettre aux clientes ? En deux heures, nos formateurs enseignent tous les petits secrets qui permettent de redonner de l’éclat à un visage », explique-t-il.
Alors que les Françaises restent attachées à une forme d’« élégance discrète », l’accompagnement des clientes dans le soin et le maquillage est une nécessité aux yeux de l’homme d’affaires. « Une femme impeccablement maquillée est immédiatement remarquée lorsqu’elle entre dans une pièce, mais on ne sait pas que cela vient de son maquillage. L’excellence française se distingue par cette impression de naturel et par la qualité de ses produits, eux aussi plus bio, plus naturels », affirme-t-il.
Teint frais et naturel
La simplicité, la subtilité et l’affirmation de soi sont en effet les mots d’ordre de la saison qui s’annonce, selon Angloma, make up artist Sisley France. « Globalement, on regarde vers le futur avec un make up beaucoup plus moderne, et aux reflets miroitants. On veut capter la lumière en jouant avec elle », explique le créateur pour qui l’heure est à l’éclat naturel, au teint réaliste et organique.
Même Dolce & Gabbana mise sur le teint frais et naturel annoncé par son produit Millenialskin pour séduire les 19-24 ans, dont le budget mensuel consacré aux dépenses beauté s’élève à 36 euros (contre 30 euros pour l’ensemble des Français).
Comme le souligne Guillaume Ryckwaert, la cosmétique de luxe « est en train de faire son aggiornamento ». Sachant que le marché devrait atteindre plus de 330 millions de personnes à l’horizon 2030, la révolution ne fait que commencer.