La polémique qu’ont suscité les propos d’une rédactrice du magazine Elle, considérés par certains comme raciste, n’a fait que mettre en lumière un phénomène actuel : la présence grandissante des femmes noires dans l’univers de la mode et leur volonté d’affirmer leur identité propre.
Cette recherche d’un autre idéal de beauté passe par un retour au naturel, une sorte de retour aux racines sans perdre de vue une modernité que les femmes noires ont su dompté. Au début des années 2000, la sociologue caribéenne Juliette Sméralda publie une étude scientifique appelée « Peau noire, cheveux crépu : l’histoire d’une aliénation ».
Ce travail montre que le défrisage des cheveux est une véritable perte d’identité datant de l’esclavage. Elle propose aux femmes noires de retrouver une esthétique qui est la leur à savoir une peau dont le teint n’est pas éclairci et des cheveux naturels.
Ce livre ajoute une pierre à un édifice déjà bien présent. Plus qu’un effet de mode, ce sont des véritables revendications identitaires qui pullulent sur la toile depuis quelques années. Soutenu par le mouvement politique « Black is Beautiful », des célébrités telles que Michelle Obama ou encore Oprah Winfrey, cette vague identitaire déferle sur l’ensemble des femmes noires du monde entier. Désormais, la tendance s’inverse et le retour au naturel devient tendance.
L’univers du cosmétique, largement influencé par cette population sans laquelle il ne peut plus compter, s’adapte. Des marques occidentales de cosmétiques et de soins ouvrent des gammes destinées aux peaux mates et foncées (Mixa, L’Oréal ou encore Nivea) et s’assurent un marché rentable. Des salons de coiffures ethniques ouvrent dans tout l’hexagone et attire des centaines de milliers de clients qui souhaitent prendre soin de leur chevelure afro ou opéré un retour au naturel.
Mais ce qui est le plus frappant reste cette tendance à l’ethnicité qui s’est emparé de la mode ces trois dernières saisons. En effet, le tissu wax, tissu africain par excellence, est désormais un incontournable sur les podiums. Cet imprimé phare du printemps-été 2012 a fait tomber les dernières barrières de l’occidentalisation à tout prix.
La grande enseigne Burberry, Simonetta Ravizza ou encore la collection Marni at H&M, Gérard Darel et Etam succombe entièrement. Lorsque la rédactrice en chef de Vogue Amerique, Anna Wintour, est apparue en Wax à l’ouverture de la Fashion Week, le tissu africain est véritablement devenu un incontournable.
Ainsi, les femmes noires actuelles affichent leur différence mais aussi leur présence au cœur de l’élite de la mode et du cosmétique. Une sorte de revanche peut-être ?