La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a publié, le samedi 1er mars, des données sur la population de rapaces nocturnes en France. On apprend que les hiboux et les chouettes sont globalement en bonne santé sur notre territoire. Mais la situation des uns est nettement meilleure que celle des autres. On trouve ainsi 260 000 chouettes hulottes, contre seulement 40 à 120 couples de hiboux des marais.
C’est chouette ! Alors que la population de nombreuses espèces déclinent en France, celle des rapaces nocturnes se portent plutôt bien. C’est ce que suggèrent des données publiées par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) le samedi 1er mars, à l’occasion des 30 ans des Nuits de la chouette. Mais l’état de santé varie sensiblement d’une espèce à une autre. Ainsi, on trouve plusieurs milliers de chouettes hulottes en Hexagone, tandis qu’il y a moins de cent couples de hiboux des marais.
Quatre ans pour recenser les rapaces nocturnes
Les estimations démographiques des 9 espèces de rapaces nocturnes (5 chouettes et 4 hiboux) reposent sur une enquête nationale inédite menée par plus de 1200 participants entre 2015 et 2018 à travers toute la France. Pendant ces quatre années, les bénévoles ont recensé les couples de rapaces perchés ou voletant au-dessus de leurs têtes. Les résultats de cette enquête témoignent d’une grande diversité biologique.
La chouette hulotte au sommet des rapaces nocturnes en nombre
On trouve en tête des estimations la chouette hulotte, la plus représentée sur le territoire français avec 260 800 couples nicheurs. Cette espèce est présente sur l’ensemble du territoire, sauf en Corse et un peu moins sur le littoral méditerranéen. Elle vit aussi bien en forêt qu’en plaine et en montagne. Mais certains individus fréquentent les parcs arborés de grandes métropoles françaises.
La Chevêche d’Athéna sur le podium démographique
En deuxième position arrive la Chevêche d’Athéna avec 101 300 couples nicheurs repérés. Espèce la plus commune en France derrière la chouette hulotte, elle est présente en Île-de-France, dans le Grand Est et dans les Hauts-de-France. On la trouve en particulier dans les bocages, les espaces cultivés er les hameaux peu denses. La LPO note qu’elle est très vulnérable à l’intensification de l’agriculture et à la destruction des haies et des arbres, des pratiques qui réduisent le nombre de proies et sites de reproduction.
Une population satisfaisante pour l’Effraie des clochers
La troisième place du podium revient à l’Effraie des clochers avec 87 700 individus. Cette « Dame Blanche » est présente dans une large moitié ouest et un large quart sud-est de la France. Elle adore se reproduire dans les infrastructures humaines comme les clochers des églises, les greniers ou les granges. Cette chouette est victime des grillages installés dans certains clochers pour lutter contre les pigeons, mais aussi du trafic routier en hiver.
Le Hibou moyen-duc relativement en bonne santé
Vient ensuite le Hibou moyen-duc avec 26 100 couples. Cet oiseau évolue dans une large moitié nord de la France, particulièrement dans le Centre-Ouest, le Centre-Val-de-Loire et la Bourgogne-Franche-Comté. Il se cache dans les forêts de conifères, et souvent dans les haies, les vergers ou en lisière de petits boisements à proximité de champs ou de marais.
Tout comme le Petit-duc scops
La cinquième place appartient au Petit-duc scops avec 17 100 couples. Cette espèce insectivore, qui migre en Afrique, n’est visible en France qu’à compter du mois de mars. Elle niche notamment sur le pourtour méditerranéen, le long de la vallée du Rhône jusqu’en Bourgogne et de Midi-Pyrénées jusqu’au Poitou-Charente et en Corse. L’espèce est menacée par la destruction des arbres qui lui offrent des cavités pour nicher et la diminution du nombre de proies.
Bien que peu nombreux, le Grand-duc d’Europe en expansion dans certaines régions
Plus grand rapace nocturne au monde, le Grand-duc d’Europe prend la sixième place avec une population estimée entre 2 000 et 4 000 couples, présents notamment en Rhône-Alpes et Languedoc-Roussillon. Il serait en expansion dans certaines régions. Derrière arrive la Chouette de Tengmalm, qui compte entre 1 000 et 3 000 couples. Ceux-ci se reproduisent principalement en montagne, surtout dans les forêts de résineux des Alpes, des Pyrénées, du Massif Central, du Jura et des Vosges.
Le Hibou des marais plus rare
En huitième position se trouve la Chevêchette d’Europe qui compte entre 1 000 et 1 500 couples reproducteurs. Cette autre rapace des montagnes niches dans les Alpes, le Jura, le Massif Central, la chaîne des Puys, en Auvergne, ainsi qu’en Haute-Loire et dans le Haut-Morvan. Il y a enfin le Hibou des marais, dont la population est estimée entre 40 et 120 couples. Des couples nicheurs ont été aperçus dans le Marais breton ainsi que dans le Marais poitevin.
Il est temps de protéger les rapaces nocturnes
LPO estime que ce bilan est « relativement satisfaisant », même si des « inquiétudes » existent sur certaines espèces et que les nombreuses menaces pesant sur elles les rendent « vulnérables ». Selon l’association, il s’agit d’une bonne nouvelle pour ces rapaces nocturnes « longtemps persécutés en raison de superstitions tenaces » et « désormais menacés par la dégradation de leurs habitats naturels ». Son président Allain Bougrain Dubourg affirme dans un communiqué qu’il urge maintenant de « tout mettre en œuvre pour protéger ces oiseaux fascinants, essentiels au bon fonctionnement des écosystèmes ».
Le mois de mars dédié aux rapaces nocturnes
Notons que les rapaces nocturnes sont à l’honneur pendant tout le mois de mars, à l’occasion des 30 ans des Nuits de la chouette, un événement organisé chaque année par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Dans le cadre de cet événement national, l’association a prévu des conférences, sorties nature ou encore ateliers de construction de nichoirs. Elle proposera diverses autres activités à travers toute la France. Pendant ces rencontres, les naturalistes et ornithologues lèveront le voile sur les secrets de ces adorables oiseaux.