Selon le dernier rapport de l’Observatoire national du suicide, il y a eu 9 200 suicides en France en 2022. Les trois quarts des victimes étaient des hommes. Ceux-ci ont généralement du mal à parler de leur état mental. Ainsi, ils vont moins voir les psychologues que les femmes. Une question d’égo.
D’après le dernier rapport de l’Observatoire national du suicide (ONS), publié le mardi 25 février, 9 200 personnes sont mortes de lésions auto-infligées en 2022. Soit une hausse de 3,3% sur un an. Trois quarts de ces victimes de suicide sont des hommes, pour la plupart des seniors. Chez les femmes, en revanche, ce sont les plus jeunes qui sont surreprésentés.
Un mal-être général chez les séniors
Les seniors masculins affichent un taux de 86 suicides annuels pour 100 000 individus, en progression de 9% sur un an. Pour l’ensemble de la population française (tous âges et genres confondus), ce chiffre s’élève à 13,4 (suicides). L’ONS note que les taux de suicide augmentent régulièrement avec l’âge. Cela peut s’expliquer en partie par le tabou du suicide des personnes âgées et le mal-être croissant de nos aînés, dans un contexte de vieillissement de la population.
Un bond significatif des suicides chez les hommes
Au-delà des seniors, c’est la gente masculine en général qui est frappée par le bond des suicides, leur taux étant trois fois supérieur à celui des femmes. Cette donnée nous amène à nous interroger si les hommes sont suffisamment attentifs leur santé mentale. D’après les premiers concernés, il leur est difficile d’admettre leur dépression, à plus forte raison d’en parler avec leurs pairs masculins ou un psychologue. Ce comportement est le résultat d’un conditionnement social.
Derrière les suicides se cachent la volonté de ne pas se confier et paraître faible
En effet, la société, profondément machiste et sexiste, a construit l’image d’un idéal masculin, fort, courageux et silencieux. Ainsi, l’homme ne doit jamais exprimer son mal publiquement et surtout pleurer. C’est un signe de faiblesse, dit-on. Ces injonctions débutent dès l’enfance, quand les petits garçons sont assignés à être plus solides, plus costauds psychologiquement que leurs sœurs. De ce fait, une fois adultes, ils ont du mal à se confier et laisser éclater leur souffrance. Ils hésitent surtout à parler de leurs problèmes mentaux à leurs amis pour ne pas passer pour des faibles, des femmelettes…
Les hommes préfèrent sombrer dans l’alcool que de parler de leurs problèmes mentaux
Au lieu de soigner leur âme, la grande majorité de ces hommes préfèrent participer à une activité sportive pour développer leur musculature, ou entretenir leur forme physique jugée avantageuse. Pourtant cette difficulté à extérioriser leur mal-être peut avoir des conséquences graves sur leur santé, avec un refuge dans l’alcool et la drogue par exemple. Une attitude qui accentue leur dépression et leur envie suicidaire.
Les hommes vont moins voir les psy que les femmes
Face à ces posture s, on comprend pourquoi ils sont moins nombreux que les femmes à franchir la porte d’un cabinet. D’après une enquête de l’institut Odoxa pour Doctolib, les femmes représentaient plus de 78 % des rendez-vous pris chez un psychologue en 2022 sur la plateforme. Globalement, 40,6 % des femmes déclarent avoir déjà̀ consulté un psy dans leur vie contre 30,5 % pour les hommes. Pour faire évoluer les mentalités, il faut totalement revoir l’éducation des garçons. Dès le bas âge, on doit leur apprendre qu’un homme ça pleure aussi et que ça se confie, car ça a également un cœur et des émotions.