Tanaland, l’expression d’une belle sororité face au monde sexiste

Depuis quelques semaines, il existe sur TikTok un pays imaginaire baptisé Tanaland exclusivement réservé aux femmes. Cette nation d’un nouveau genre est née en réaction aux insultes sexistes, dont la gent féminine est constamment la cible sur les réseaux sociaux. Elle compte déjà plus de 20 millions de citoyennes.

Depuis septembre, une expression fait fureur sur TikTok : Tanaland. Elle est particulièrement reprise par les jeunes filles. Il s’agit d’un pays imaginaire créé pour contrecarrer la stigmatisation des femmes en raison de leur apparence ou de leur comportement. Il est formellement interdit aux hommes.

Tanaland, un pays de « putes » assumées

Mais d’où vient ce terme ? Comme on l’imagine, il se compose de « Tana » et de « land ». Si « land » renvoie à un « pays », « Tana » vient du mot italien « puttana » qui signifie « salope » ou « pute ». Ce vocable a été popularisé par une chanson du rappeur Niska, dans laquelle il affirme par exemple qu’il va se « tailler à Copacabana /Pour rejoindre les Hannah Montana, ‘tana, des ‘tana, des ‘tana » et qu’il va « les fouetter sur les fessiers »…

Des jeunes hommes se revendiquant du masculinisme utilise fréquemment cette expression pour s’attaquer aux jeunes filles et les humilier en ligne. Au lieu de se morfondre pour donner plus de force aux cyber-harceleurs, les femmes ont décidé en faire une arme contre eux. Effet boomerang assuré. Elles se sont appropriées le terme depuis que la tiktokeuse Hadja_bh2 a créé ce pays fictif exclusivement réservé à la gent féminine.

Un pays avec ses armoiries

Le mouvement a très vite fédéré les femmes à travers le monde. Toutes ont fait leurs valises pour s’installer à Tanaland, considéré comme un refuge contre la toxicité des réseaux sociaux. Ce pays compte déjà plus de 20 millions d’habitantes, appelées Tanagirls. Il a pour capitale Tana City. La chanteuse Aya Nakamura a été proposée par certaines comme Première ministre et l’influenceuse Polska comme Présidente.

Les Tanagirls, qui se proclament citoyennes souveraines, ont même déjà inventé les symboles de leur Etat. Ainsi, il y a un drapeau qui s’inspire du tricolore français, mais avec des pans roses sur les côtés. Histoire de narguer les masculinistes et de démonter les stéréotypes associant une couleur à un sexe. Tout l’univers est d’ailleurs inspiré de Barbie, avec ses couleurs vives notamment. Les habitantes de Tanaland ont également créé une devise, toujours sur le modèle français : « Liberté, égalité, ténacité. ».

Libre de s’habiller comme on veut à Tanaland

Tanaland a en outre son propre hymne et même sa propre carte. Quant à Tana City, la ville comprend des quartiers comme « Tana VIP Quarter » et « Brook-Tana », ainsi qu’une ligne de métro avec des arrêts comme « Porte de polska ». Il existe même une sorte de média national sur TikTok, le compte Tanaland info. Cette structuration vise à mieux répondre aux hommes qui les harcèlent et les traitent de putes.

Les femmes assument d’ailleurs ce côté « pute » qu’on leur porte. Ainsi, elles publient des vidéos dans lesquelles elles portent des tenues légères que détestent tous les conservateurs. A Tanaland, elles peuvent s’habiller comme elles veulent sans craindre un commentaire misogyne. C’est un univers de liberté et d’expression de soi, dans la droite ligne des mouvements de revendication comme Meetoo. Les filles demandent même à être traitées de « salopes » pour pouvoir rejoindre Tanaland.

« Charoland » vs « Tanaland »

Une attitude qui a le don d’énerver les harceleurs. Comme si l’idiotie n’avait pas de limite chez eux, ces derniers ont créé aussi leur propre monde, « Charoland ». Paradoxalement, ce pays est rempli de femmes (de « putes » comme ils les appellent), dont ils peuvent disposer comme bon leur semble. Si cette initiative fait sourire par son côté ridicule, elle dénote surtout d’un fait inquiétant : la prolifération sur les réseaux sociaux d’hommes aux idées rétrogrades. Il y a visiblement un travail à faire sur l’éducation. Sinon nous courrons vers la guerre des sexes…

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