Vade retro Lilith ! A Toulouse, l’Eglise s’insurge contre un spectacle « satanique »

La compagnie La Machine organise, du 25 au 27 octobre à Toulouse, un spectacle centré sur Lilith, gardienne des Ténèbres. Pour l’Eglise, il s’agit d’une promotion du satanisme. Elle annonce la tenue d’une messe pour protéger la ville Rose contre le Mal que représenterait ce personnage.

La compagnie La Machine va présenter son nouvel opéra urbain, « Les portes des Ténèbres », les 25, 26 et 27 octobre à Toulouse. Ce spectacle imaginé par François Delarozière introduit un nouveau protagoniste, Lilith. La gardienne des Ténèbres rejoint ainsi Astérion, le Minotaure et Ariane, l’Araignée.

Le thème et l’affiche du spectacle inquiètent l’Eglise

Dans ce spectacle, Lilith, la femme-scorpion, prend la forme d’une machine géante à la recherche d’âmes damnées dans les rues de Toulouse pour les emmener dans les enfers. Sous le sortilège du dieu des enfers Hadès, le Minotaure tombe éperdument amoureux d’elle et l’aide à ouvrir un passage vers le monde des morts. Ariane, la grande araignée, est alors envoyée par les dieux pour briser l’envoutement qui lie Astérion à Lilith.

Libéré, Astérion s’engage à stopper la Gardienne des Ténèbres dans l’exécution de son terrible projet. C’est tout pour le scenario… Mais le thème et l’affiche du spectacle ont suffi à inquiéter l’Eglise. D’abord l’église catholique de Toulouse. L’abbé Simon d’Artigues de la cathédrale Saint-Aubin a dénoncé sur X (ex-Twitter) « une iconographie diabolique », avec les églises en feu sur le visuel d’annonce du spectacle.

Une messe pour protéger la Ville rose contre Lilith

Pour sa part, l’archevêque de Toulouse, Guy de Kerimel, a annoncé dans une publication Facebook l’organisation d’une messe, le 16 octobre à 18h30 à l’église du Sacré-Cœur, pour « consacrer » Toulouse. Il dit vouloir protéger la Ville rose des « menaces ténébreuses et de la désespérance », incarnées par « un démon féminin de la religion juive ». Il a adressé un courrier aux prêtres du diocèse pour les informer de la tenue de cette messe.

Les protestants, par la voie du Pasteur Didier Bernis, ont également exprimé leur opposition à l’organisation de ce spectacle. Dans un communiqué, ces derniers disent partager les inquiétudes des catholiques. Ils s’alarment de voir leur ville représentée comme « la porte des ténèbres », alors que « Toulouse, c’est la vie, c’est la joie, c’est le beau ! ». Ce serait aussi « la porte du ciel et des étoiles, la porte des arts et du savoir, la porte de l’Occitanie et de la Garonne ».

Une polémique inutile pour le maire de Toulouse

Les Protestants appellent par ailleurs « les autorités locales à faire preuve de discernement dans le choix des événements culturels financés et soutenus par la collectivité. ». Pour le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, la polémique n’a pas lieu d’être. Il ne perçoit « pas ce spectacle comme une promotion des valeurs du Mal ou des références sataniques », puisqu’il y a, d’un côté, une créature qui incarne le Mal, et de l’autre, une qui incarne le Bien et qui l’emporte d’ailleurs.

François Delarozière, directeur artistique de la compagnie La Machine, se défend, lui, d’être là « pour faire rêver et émerveiller et non provoquer certains croyants ». Il dit vouloir « réunir tout le monde dans la ville pour créer un événement heureux », tout en rappelant que ce débat n’a pas eu lieu en 2018, lors de la première représentation. Sauf que là, le personnage de Lilith fait son apparition…

Lilith, incarnation de la rébellion féministe

Stéphan Muntaner, l’illustrateur à l’origine de l’affiche du spectacle de La Machine, pense de son côté qu’« on a réveillé des peurs d’un autre temps » avec Lilith. Ce personnage fascine autant qu’il inquiète. Dans la Genèse, il est dit qu’elle fut la première épouse d’Adam, avant Ève. Elle n’est pas issue de sa côté, mais a été créée à partir de l’argile. S’étant toujours vue comme l’égale d’Adam, elle a préféré être expulsée du paradis plutôt que de se soumettre à lui. Aujourd’hui, elle représente un modèle de rébellion contre le patriarcat pour les mouvements féministes.

Pas encore de commentaires

Les commentaires sont fermés